Au Gabon, le développement des projets industriels pose un dilemme de conservation des espèces d’arbres. Selon les résultats d’une récente étude baptisée « Les écosystèmes menacés du Gabon » menée par deux musées européens, environ 300 espèces d’arbres déjà menacés d’extinction pourraient disparaître si les normes d’exploitation durable ne sont pas appliquées.
Arbres, arbustes, lianes, épiphytes et herbes sont les catégories floristiques menacées citées dans l’étude. Elles font partie des 1500 espèces et infra-espèces d’arbres, soit environ 30% de la flore locale. A cause des projets de développement industriels, leur maintien est menacé. Certaines, environ 300 espèces d’arbres, selon le recensement de l’étude, sont même appelées à disparaître si des normes d’exploitation durable basées notamment sur les normes de Haute Valeur de Conservation (HVC) ne sont pas appliquées.
Pour contrer ce présage qui pourrait avoir des conséquences dramatiques sur de nombreuses strates de l’écologie, les chercheurs à l’origine cette alerte conseillent de promouvoir, au niveau local, la conservation in situ en définissant les zones à forte concentration en espèces d’arbres et écosystèmes forestiers menacés, et en menant des actions concrètes. Pour cela, proposent-t-ils la création d’aires protégées, l’aménagement des concessions forestières, la mise en place des campagnes de sensibilisation, le suivi par une base de données accessible à tous, et des contenus cartographiques pour mieux mesurer les enjeux et défis.
Une mobilisation tant national et qu’international est d’autant plus urgente que sur 280 espèces d’arbres potentiellement menacées du Gabon, la plupart sont classées comme étant rares ou endémiques. Pour prévenir cette catastrophe écologique, les chercheurs proposent des plans d’actions de conservation multi-espèces pour les 103 espèces d’arbres les plus menacées présentes au Gabon, afin, selon eux, de contribuer à l’implémentation des mesures de conservation pour ces espèces. « Les mesures visant à protéger ces espèces et leurs habitats correspondent à une demande du gouvernement gabonais qui s’est lancé dans le développement d’une économie « verte » en promouvant la certification des exploitants forestiers via le FSC », font-ils remarquer.
Partant de ce constat, ils proposent également de nouvelles zones à protéger au sein des concessions privés et des propositions de nouvelles aires protégées nationales auprès des agences gouvernementales chargées du plan national d’affectation des terres (PNAT). La mise en place de ces actions permettrait de freiner l’hémorragie écologique de certaines espèces d’arbres et infra-espèces. Cela passera par la responsabilisation des industriels et la promotion des pratiques de résilience écologique. N’oublions pas le rôle central que joue ces espèces dans la chaîne alimentaire au niveau de la flore.
Michael Moukouangui Moukala