Instituée en 2012 lors de l’Assemblée générale des Nations-Unies, la Journée internationale des forêts est un baromètre nécessaire pour mesurer les facteurs qui nuisent à l’équilibre des forêts. Cette année, la célébration met l’accent sur l’implication de l’innovation au service de la surveillance et la compréhension des forêts. Au Gabon, cette adéquation mérite d’être accentuée.
Selon la FAO, l’atteinte des objectifs mondiaux de 2030 passe par la réduction du déboisement et la dégradation des forêts, la restauration des forêts et la gestion durable de celles-ci. Si depuis 1990, plus de 420 millions d’hectares de forêts ont disparu, les dirigeants mondiaux se sont engagés à mettre un terme au déboisement et à restaurer plus d’un milliard d’hectares de terres dégradées. Cette volonté se heurte depuis son annonce par le manque d’informations à plusieurs niveaux.
Dans son rapport sur l’accélération du suivi innovant des forêts, la FAO comptabilise quatre facteurs qui méritent d’être considérés lorsqu’on fait état du suivi des forêts. Premièrement, elle fait état des gestionnaires des forêts qui ont besoin de données précises pour déterminer les mesures à prendre afin de réduire le déboisement et mettre en œuvre des plans de restauration et de gestion durables. Deuxièmement, mentionne-t-elle, les pays nécessitent en toute urgence des systèmes nationaux de suivi des forêts (SNSF) institutionnalisés qui fournissent des données de haute qualité. Troisièmement, les institutions gouvernementales doivent fournir les informations essentielles pour l’établissement des priorités et des politiques nationales liées aux forêts, pour le rapportage des réductions d’émissions par le biais de processus de mesure, de notification et de vérification (MNV) afin d’accéder au financement climatique et pour renforcer l’ambition liée aux engagements internationaux pris dans le cadre de l’Accord de Paris. Enfin, les peuples autochtones et les communautés locales, dont le rôle dans la gestion et la conservation des forêts est de plus en plus reconnu, doivent être soutenus pour leurs efforts dans le suivi de leurs forêts et étudier comment leur rôle en tant que gardiens des forêts peut être renforcé.
Ces facteurs méritent que l’innovation permettant l’accès à des meilleures données soit la base de la gestion des forêts dans un contexte mondial marqué par la perte de la biodiversité et les changements climatiques. Selon la FAO, l’innovation et les avancées technologiques peuvent permettre de révolutionner la gestion et le suivi des forêts, en permettant une récolte de données plus efficace, fondamentale pour la prise de décision en ce qui concerne l’utilisation des terres et la lutte contre le déboisement. Par exemple, au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, note l’organisme onusien, il a été fait état de réductions d’émissions de dioxyde de carbone forestier s’élevant à 13,7 milliards de tonnes ainsi que d’autres progrès accomplis grâce à un système transparent et novateur de surveillance des forêts. Ce système figure parmi les « nouvelles solutions pour un monde meilleur » telle que souhaitée par le mariage entre Forêts et innovation.
Le Gabon, qui se veut un modèle en matière de préservation de l’environnement a facilité dès les années 2010, ce maillage entre Forêts et Innovation en se dotant d’une agence dédiée aux études et observations spatiales (AGEOS). L’agence est un établissement public à caractère scientifique, environnemental et technologique pour définir la politique et la stratégie nationale d’observation spatiale et assurer leur mise en œuvre. Sa mission est de contribuer à la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de collecte, d’analyse et de mise à disposition des données issues de l’observation spatiale du territoire national pour la gestion durable de l’environnement, des ressources naturelles, de l’occupation des sols et de l’aménagement du territoire.
A côté de ce mécanisme innovant et unique en Afrique centrale, d’autres mécanismes tels que le Système national de traçabilité du bois du Gabon (SYNTBG) en cours de mise en place au Gabon concourt à cet objectif. Ces mécanismes, auxquels s’ajoutent des initiatives plus singulière concourent à gérer durablement les écosystèmes forestiers, y compris les efforts de reboisement, peut contribuer de manière significative à l’atténuation du changement climatique, à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à la promotion d’une production durable de produits ligneux. D’autres outils technologiques et innovants doivent cependant être déployés pour servir de la cause écologique.
Séraphin Lame