Épuisés par les répétitions incessantes de retards de salaires, les Écogardes de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) sont, depuis lundi 11 novembre 2024, une nouvelle fois montés au créneau pour revendiquer entre autres, le paiement de leurs arriérés de salaires. Cette vieille routine dure cependant depuis plusieurs années, sans qu’une solution pérenne soit trouvée.
Si un adage bien connu nous rappelle que l’argent n’aime pas le bruit, cela n’est pas tout à fait le cas pour les Écogardes de l’ANPN qui, réunis au sein du Syndicat national des Écogardes du Gabon (SYNEG), doivent toujours faire du bruit pour rentrer en possession de leur dus après un dur labeur. C’est le cas de le dire alors que lundi 11 novembre 2024, ces derniers sont à nouveau montés au créneau pour revendiquer la régularité de leurs salaires, le statut particulier des agents de l’ANPN, l’assurance maladie complémentaire, la suite de l’opération d’identification physiques des agents, les primes de risques et de logements, l’augmentation de la prime de mission, les formation et recyclages du personnel, l’intégration des agents à la fonction publique pour ne citer que ces points.
Pour la hiérarchie du syndicat, sans la garantie de la résolution de ces points, aucune action de négociation, encore moins de reprise du travail n’est envisageable. Au sein du SYNEG, on parle même d’un « statut quo ». Personne n’entre à l’ANPN tant qu’une solution n’ait été trouvée. « Toute cette semaine, tout sera bloqué et nous ne négocierons avec personne. Nous estimons en effet qu’il est trop tôt pour s’asseoir et parler avec notre hiérarchie qui ne cherche que cette option pour que la grève s’arrête », a fait savoir Sosthène Ndong Engonga, le Secrétaire général du SYNEG dans une note adressée à ses collègues. Pour lui, cette situation n’a que trop durée !
Les mêmes causes produisent les mêmes effets
En remontant le temps, en octobre 2023, si les syndicalistes avaient vu la prise de fonction d’Omer Ntougou, le nouveau Secrétaire exécutif de l’ANPN comme une bouffée d’oxygène, plusieurs mois après, force est de constater que leur espoir n’a été que de très courte durée. Les mêmes causes, qui par le passé ont semblé exacerbé leur colère, continuent de dégrader les relations entre ces derniers et leur tutelle. Et à l’ANPN, tout le monde se demande à qui profite cette situation, quand on sait que les budgets de fonctionnement sont censés être fixés à l’avance pour ne pas tomber dans des situations d’impayés salariaux comme c’est le cas actuellement. La réponse à cette question se trouve certainement au budget où depuis toujours, la rémunération des agents de l’ANPN fait l’objet d’un jeu que personne ne comprend.
Jeu de dupe ?
A côté de ce fait historique, s’invite également, malgré elle, la promesse de titularisation des Écogardes faite à Boumango, dans la province du Haut-Ogooué par le président de la Transition, Chef de l’Etat, le Gén. Brice Clotaire Oligui Nguema au Secrétaire générale du SYNEG, et qui malheureusement n’a jamais vu le jour. Pour rappel, interpellé par le Secrétaire général du SYNEG sur la situation précaire des Écogardes, ce dernier avait dit demandé qu’on mette les écogardes comme fonctionnaire pour qu’ils soient directement payés par l’Etat. Près de cinq mois après cette annonce qui avait donné espoir aux Ecogardes, aucune ombre d’intégration ne pointe à l’horizon. Là aussi, les agents se demandent ce qu’il se passe pour qu’une telle annonce, venant de la bouche de l’autorité suprême ne soit pas respectée. Question tout aussi muette !
Les Écogardes, parents pauvres de la Transition !
Si la Transition est venue avec un vent de promesses de toute sorte, force est là-aussi de constater que les Écogardes font partie des parents pauvres de la Transition. En effet, malgré que deux ministères dédiés à « l’environnement » existent au sein du gouvernement, aucun programme, ni lueur d’amélioration des conditions de travail de ces hommes et femmes qui ont contribué à préserver la biodiversité gabonaise n’est d’actualité. Dans l’indifférence des autorités gabonaises, nombre de ses acteurs qui ont contribué à faire rayonner la “diplomatie verte” du Gabon à l’international se meurent, marginalisés dans la répartition des revenus générés par la conservation. Ce cercle vicieux expressément entretenu pourrait compromettre l’image du Gabon qui depuis près d’une décennie à brasser des milliards entiers pour la conservation.
Michael Moukouangui Moukala