Réunis au sein du Groupe de travail sur les changements climatiques (GTCC) de la Comifac, les pays de la sous-région Afrique centrale, affinent leur participation à la COP28 qui aura lieu du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, Aux Emirats Arabes Unis, avec le démarrage ce lundi 6 novembre 2023, d’un atelier consacré aux changements climatiques. L’idée de cette rencontre est d’harmoniser la position de la sous-région dans les discussions qui auront lieu durant la grand-messe du climat.
Si chaque fois que survient l’organisation d’une COP, cette rencontre, devenue une tradition pour les acteurs étatiques mandatés à la lutte contre les changements climatiques au niveau sous-régionale, s’impose comme une exigence préalable, c’est en raison des tergiversations observées dans la matérialisation des engagements de l’Accord de Paris sur le Climat. La question de la discorde n’est autre que celle de la non mise à disposition, par les pays développés en direction des pays en développement, de l’enveloppe des 100 milliards de dollars de financement pour soutenir les politiques d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Il faut dire que depuis la COP21 de Paris, les débats autour de cette question n’ont jamais réellement évolué en raison de ces divergences.
Or, pour Chouaibou Nchoutpouen, Secrétaire exécutif Adjoint de la Comifac, ne pas respecter et considérer les efforts consentis par les blocs forestiers de la planète, c’est foulé au pied du mur ces engagements. « Comme vous le savez, aujourd’hui, les forêts du bassin du Congo sont devenues le premier poumon vert de la planète après les récentes déforestations qui ont eu lieu dans le bassin Amazonien. Nos forêts stockent par exemple plus de 1,1 milliards de tonnes de CO2 par an et nous émettons aussi moins, environ 530 millions de tonnes. Lorsque vous faites le ratio, notre bilan carbone est de 610 millions de tonnes de CO2 absorbé par la nature. Nous avons donc, un bilan carbone positif. La question est donc celle de savoir qu’est-ce que nous gagnons en retour ? », s’est insidieusement interrogé le Secrétaire exécutif Adjoint de la Comifac.
Grâce à « l’adoption des positions communes » sur les différents points qui sont inscrits à l’ordre de la 28e session de la Conférence des Parties sous la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), la rencontre de Libreville vise à trouver des nouveaux mécanismes de négociations pour espérer bénéficier des fonds nécessaires à la lutte contre les changements climatiques. L’idée est pour la sous-région, lors des négociations internationales, de parler d’une seule voix mais efficacement. Les points forts de discussions durant cette COP porteront sur les questions relatives aux Finances, aux Pertes et dommages, à l’adaptation, au mécanisme de marché, au transfert de technologies, à l’éducation et la sensibilisation. En tant que partie prenante à la CCNUCC, tous les Etats membres de la Comifac ont d’emblée un ticket de participation qui leur donne le droit de prendre part aux discussions. Pour les pays de la sous-région visiblement, la question financière demeure centrale, car pour le Secrétaire exécutif adjoint de la Comifac, c’est le nerf de la guerre et constitue de ce fait un droit acquis non respecté par les pays développés. « S’il faut continuer à conserver la biodiversité, il faudrait que les pays développés puissent nous appuyer », a-t-il fait savoir. Un avis qui cadre avec le propos du ministre des Eaux et Forêts, le Colonel Maurice Ntossui Allogho qui estime que « chacun doit faire sa part dans cette lutte qui concerne toute l’Humanité ».
La rencontre de Libreville qui s’achève le 10 novembre prochain est ainsi importante à plus d’un titre pour les Etats membres, au regard des enjeux de la COP28 et des discussions au programme des divers courants de négociation, notamment sur les thématiques liées à l’augmentation du financement du climat, avec une réaffirmation lors de la COP27 de l’engagement de 100 milliards de dollars de financement du climat pour les pays en développement et un engagement à doubler le financement de l’adaptation à 40 milliards de dollars, la nécessité d’établir des règles plus claires autour des marchés du carbone et l’attention accrue à porter aux pertes et dommages. Ce qui requiert des pays, lors de cette rencontre, une certaine rigueur dans les soumissions qui doivent être basées sur des évidences scientifiques, la maîtrise collective de ces dernières et l’attention nécessaire à d’autres questions d’intérêt n’ayant pas fait l’objet de décisions à la COP27 de Sharm El-Sheikh. L’expérience des Contributions déterminées au niveau national (CDN) pourraient permettre de mieux se situer sur les questions sensibles et de voir comme les ajuster en fonction des positions souhaitées.
Michael Moukouangui Moukala