S’arrimant à une tradition mondiale vielle de 50 ans, le Gabon célèbre le 02 février de chaque année, la journée mondiale des zones humides. Si ces espaces occupent une place importante dans la régulation du climat au Gabon, ces zones sont « méconnues » et « menacées » dans le pays par le développement des activités humaines.
Les zones humides ont été instituées en 1971 suite à la convention internationale Ramsay. Plusieurs pays sont signataires de cette convention dont le Gabon. Il s’agit « des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ».
Au Gabon, cette Convention est entrée en vigueur le 30 avril 1987. Le pays dispose actuellement de 9 sites inscrits sur la Liste des zones humides d’importance internationale (Sites Ramsay). Leur superficie : 3, 001,769 hectares. Il s’agissait là du premier acte posé par le Gabon pour la conservation et la gestion durable de ces zones. « Ce sont des zones qui ont la particularité d’être des endroits répulsifs, où l’homme ne peut pas y vivre, parce que c’est marécageux. Il y a de la vase, des eaux et de la boue. Mais surtout, ce sont des zones où foisonne une certaine vie », cette définition du spécialiste en géographie et aménagement de l’espace, par ailleurs chercheur au Cenarest, Dr. Nicaise Rabenkogo permet de mieux comprendre l’alignement du Gabon à cette convention.
Les zones humides les plus connues au Gabon sont les mangroves. Mais s’il en existe une variété, elles demeurent toutes ou presque « méconnues » dans le pays. « Les zones humides sont des espaces naturelles méconnues au Gabon. Même les mangroves qui sont les plus connues, il n’existe pas assez d’études faites sur ces espaces », fait constater le spécialiste. Selon ce dernier, il existe aussi des zones humides d’eau douce. « Tout le Nord-est du Gabon, dans la zone de Mekambo etc., on y trouve là-bas, des vastes zones marécageuses qu’on a très peu étudiées », ajoute-t-il. Les grands lacs de Port-Gentil et de Lambaréné rentrent dans cette catégorie. Tout comme les petites rivières qui entourent la capitale gabonaise, Libreville, Batavéa, Lowé, Ogombié et Awondo pour ne citer que celles-là.
En plus de cette méconnaissance, ces zones sont surexploitées par l’homme au profit de l’agriculture ou des constructions. Le 2 février dernier, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale des zones humides, placée cette année sous le thème des « Zones humides et eaux », le public a pu s’imprégner de l’étendu des menaces qui guettent ces zones au Gabon. Les grandes villes gabonaises, dont Libreville, ne sont pas à l’abri. L’expansion urbaine menace la conservation de ces zones. Pour le Dr., « c’est à cause de la concentration des populations dans les villes que les zones humides qui sont dans cet espace urbain sont en voie de disparition ».
L’expérience de la destruction des mangroves pour plusieurs raisons, ces derniers temps à Libreville confirme cet état de fait. Tirant à cet effet la sonnette d’alarme, le Prof. Lee White, ministre des Eaux et Forêts appelle à une prise de consciences collective. Selon lui, « nous n’avons pas 50 ans devant nous pour infléchir la tendance. Engageons-nous à gérer les zones humides et l’eau de façon responsable ». Cette interpellation invite cependant à une action coordonnée pour la sauvegarde de ces espaces.
Michaël Moukouangui Moukala
Super.