Au cours de plusieurs enquêtes forestières diligentées par l’équipe conjointe des agents du cantonnement des Eaux et Forêts et de Conservation Justice entre le mois de novembre et décembre, plusieurs exploitants illégaux de bois ont été épinglés dans quatre sites dans des villages situés aux alentours de Bitam, dans la province du Woleu-Ntem.
Au Gabon, si le Code forestier est formel sur la nécessité de disposer d’une autorisation préalable pour se lancer dans l’exploitation économique d’une quelconque essence de bois, des tiers faisaient depuis quelque temps fi de cette disposition réglementaire en exploitant en toute illégalité des essences telles que le Padouk, le Belinga et le Dabema, certaines inscrites depuis quelque temps à l’annexe II de la CITES.
C’était notamment le cas dans plusieurs villages situés aux alentours de Bitam, dans la province du Woleu-Ntem où, des ressortissants étrangers avec la complicité des gabonais se sont lancés dans ce trafic. En effet, suite à une enquête récemment diligentée par une équipe conjointe des agents du cantonnement des Eaux et Forêts et conservation Justice, quatre sites de coupe illégale de bois ont pu être découverts dans ces villages.
Équipés de divers outils de sciage, les auteurs et leurs complices opéraient en toute illégalité, alors que ne disposant d’aucune autorisation préalable de l’administration des Eaux et Forets. Sur les sites, des arbres abattus prêts à être sciés, des lattes, des chevrons et des planches ont été découverts par la mission des Eaux et Forêts et de Conservation Justice.
Dans la foulée de ces découvertes, la mission a pu mettre la main sur deux exploitants. Un de nationalité camerounaise et l’autre de nationalité gabonaise. C’est sur l’axe Melen-Effack- Bibeige, à la suite de la première descente de terrain de l’équipe sur un site exploité illégalement par le ressortissant camerounais en situation irrégulière au Gabon qui opérait cependant pour un capitaine de police affecté au Commissariat de police de Bitam.
Interrogé, le sujet interpellé fera savoir aux agents que l’exploitation date d’il y a un mois sur ce site. A son domicile sis au village Effack-Bibeigne, sera saisi la tronçonneuse comme pièce à conviction. Le capitaine de police serait connu pour les mêmes faits au niveau de Bitam. Il sera donc convoqué par le cantonnement des Eaux et Forêts pour être entendu sur Procès-verbal, accompagné de son scieur. L’officier de police va reconnaître les faits qui lui sont reprochés, et dédouaner le scieur. Il affirmera que le mis en cause agissait sur ses instructions.
Fait aggravant, après la première saisie du cantonnement, les habitants confirment avoir vu un camion transportant nuitamment le bois litigieux hors du site, ce qui constitue une circonstance aggravante grave. Selon une source policière qui a requis l’anonymat, ces faits constituent un grand manquement aux règles déontologiques de la police qui précisent que chaque policier doit agir en parfaite conformité avec les lois, être irréprochable en montrant l’exemple à la population.
En ce qui concerne les deux derniers sites, il s’agirait d’une coupe illégale depuis le village Essatop où un ressortissant bénéficiaire d’une autorisation de sciage de long, exploite un site non autorisé. Au village Okoralene, deux autres personnes ont encore été entendues conformément à la procédure et des sanctions prévues par les dispositions du code forestier ont été données par le cantonnement des Eaux et Forêts de Bitam.
Ces découvertes rappellent combien de fois la lutte contre l’exploitation illégale de bois est un long combat au Gabon. Si des gardes-fous ont été mis en place par les autorités pour réguler ce type de débordement, ces agissements n’honorent pas le combat du Gabon qui fait de la gestion durable des forêts son cheval de bataille. Restructurer, c’est d’ailleurs cette ligne directrice que son économie suit depuis quelque en faisant la part belle à la résilience des pratiques dans le domaine notamment de la foresterie.
Rappelons que la gestion durable des forêts intègre les aspects économiques, sociaux et écologiques des forêts. Le non-respect des lois dans ce cadre, serait de nature à compromettre cette ambition affichée de l’Etat et à menacer une ressource naturelle indispensable pour les générations futures.
Séraphin Lame