Alors que s’est ouvert hier, jeudi 26 octobre 2023 à Brazzaville, au Congo, le Sommet des trois bassins forestiers, une trentaine d’organisation de la société civile, soutenue par d’autres organisations internationales, ont fait part de leurs inquiétudes face au manque d’attention à l’égard des impacts négatifs des industries extractives et autres sur l’équilibre des forêts tropicales.
Les menaces qui pèsent sur les forêts tropicales du fait de la poursuite des projets pétroliers ou gaziers s’aggravent dans les forêts tropicales selon la trentaine d’organisations de la société civile. Aucun bloc forestier ne serait, selon son décompte, épargné. Pour les ONGs, la société civile et les associations des peuples autochtones et communautés locales, les solutions à la déforestation tropicale doivent venir des pays forestiers tropicaux. Ce, d’autant plus que les décideurs de ces pays, par les politiques de développement économique mises en place favorisent la pérennité de l’exploitation du pétrole et du gaz qui ont des conséquences sur l’équilibre des écosystèmes forestiers des trois bassins.
En Amazonie, par exemple, les blocs pétroliers et gaziers existants ou prévus chevauchent aujourd’hui environ 65 millions d’hectares, soit 13 %, de forêt tropicale intacte et plus de 31 millions d’hectares de territoires autochtones abritant plus de 500 nationalités indigènes. Dans le bassin du Congo-Ogooué, les blocs pétroliers et gaziers prévus chevauchent près de 71 millions d’hectares, soit 39 %, de forêts tropicales intactes, qui abritent plus de 16 000 lieux habités, y compris des communautés autochtones et tributaires de la forêt. En Asie du Sud-Est, les blocs pétroliers et gaziers désignés pour la production ou l’exploration couvrent plus de 34,8 millions d’hectares, soit près de 20 %, de forêts tropicales intactes. En Indonésie, plus de 99 000 lieux habités, comprenant un grand nombre d’autochtones et de personnes tributaires de la forêt, se trouvent à l’intérieur des blocs pétroliers et gaziers.
Pour les ONGs, la Société civile et associations des peuples autochtones et communautés locales, il est temps d’« emprunter une autre voie, fondée sur une transition énergétique juste, des économies durables et le respect des droits des communautés autochtones et locales de défendre et gérer leur propres territoires. » Surtout qu’il est clairement établi que les forêts sous la garde de ces populations stockent davantage de carbone, abritent une plus grande biodiversité et profitent à un plus grand nombre de personnes. Aller à l’encontre de cette philosophie estiment ces acteurs, c’est être en contradiction avec l’objectif déclaré du Sommet qui n’est autre que celui de préserver et de restaurer les trois grands bassins de forêts tropicales de la planète.
Ils appellent ainsi, les gouvernements des trois bassins à s’engager sur des actions qui favorisent la protection juridique fondée sur le droit, implique les communautés forestières aux prises de décisions, renforce et protège les populations autochtones et les autres défenseurs de l’environnement et des droits humains en première ligne, arrête et inverse la perte et la dégradation de tous les écosystèmes naturels dues à l’agriculture à grande échelle, réduit la consommation de produits dont la production détruit les forêts et le climat pour ne citer que ces quelques points. Des engagements qui souhaitent faire le lien entre la volonté de développer les économies, la pérennité de la ressource naturelle et le respect des droits des peuples autochtones à jouir des forêts. Faut-il espérer que leur déclaration trouve une oreille attentive, alors que les débats autour du Sommet des trois bassins prennent fin demain, samedi 28 octobre.
Michael Moukouangui Moukala