Département situé dans la province de l’Ogooué-Lolo, Mulundu a abrité récemment, un atelier de co-construction d’un protocole de surveillance intégré des agents pathogènes zoonotiques à base communautaire dans la filière viande de brousse.
Très prisée par les populations du bassin du Congo, la viande de brousse figure parmi les repas du quotidien dans cette région. Selon les estimations de la FAO, environ 4 à 5 millions de tonnes de viande de brousse sont consommés dans cette zone forestière chaque année. Soit l’équivalent de la moitié de la production bovine de l’Union européenne.
Sans exception, la quasi-totalité des pays de ce bloc forestier sont concernés. « Au Gabon (par exemple), en zone rurale, là où vit 30 % environ de la population, dans les villages et les petites villes forestières, nos enquêtes montrent que la consommation moyenne se situe entre 50 et 200 grammes de viande par personne et par jour. »
Problème, consommer de la viande brousse n’est pas sans conséquence pour la santé des populations. A l’exemple d’Ebola survenu dans plusieurs pays du bassin du Congo dans les années 90, la consommation de viande de brousse peut être source de maladies. Et pour cause, 60% des zoonoses ont un lien avec la faune sauvage. En effet, la consommation et le commerce de viande de brousse favorisent de fait le contact entre l’homme et l’animal sauvage.
A Mulundu, alors que se tenait il y a quelques jours un atelier de co-construction d’un protocole de surveillance intégrée des agents pathogènes zoonotiques à base communautaire dans la filière viande de brousse, les scientifiques veulent mettre en place un système de surveillance sanitaire en vue de détecter précocement les maladies zoonotiques chez la viande de brousse.
Autour de cette prévention, le Cirad, l’Union Européenne (UE), les institutions administratives dont les ministères de la Santé, de la Défense, de l’Agriculture, des Eaux et Forêts, les communautés du département de Mulundu, les centres de recherche, le programme SWM, la FAO et bien d’autres. L’enjeu, mieux prévenir les zoonoses alors qu’elles ne cessent d’affecter l’homme ces dernières années.
« Les animaux sont un réservoir naturel ambulant des microorganismes dont certains sont hautement pathogènes, pour ne citer que les récentes épidémies du virus Ebola et du corona virus. Ces virus zoonotiques ont eu une forte incidence sur les populations humaines », a expliqué Jean Fabrice Yala, directeur scientifique et technique du Cirmf. Selon ce dernier, l’approche One Health de cet atelier est un tremplin pour l’élaboration des stratégies efficaces pour réduire les risques de propagation des agents pathogènes zoonotiques actuels et futurs le long de la chaîne de valeur de la viande de brousse.
Séraphin Lame