Tous les trois mois, plus de 140 Écogardes et militaires se relaient dans le parc national de Minkébé, dans le Nord-Est du Gabon, dans la province du Woleu-Ntem, pour veiller à sa sécurité. Plus de 13 ans après, cette politique de sécurisation du parc, mise en place en 2011 par l’ancien président de la République Ali Bongo Ondimba, porte aujourd’hui significativement ses fruits.
Au Gabon, Minkébé est l’un des rares parcs inhabité du pays depuis le départ de l’ethnie Fang dont nous ne pouvons situer la date. Doté d’une superficie de 7600 Km² et intégré dans le massif forestier de Minkébé qui lui, a une superficie globale de 32.000 Km², Minkébé qui est frontalier au Cameroun et au Congo est qualifié de « Poumon vert du Gabon ». Ses spécificités fauniques et floristiques en sont la cause.
Le parc est au Gabon, l’une des rares réserves à héberger la plus grande population d’éléphants de forêt du pays. Soit environ 50.000 individus selon les estimations de Louembé Stéphane, Conservateur du parc de Minkébé. En dehors de cette particularité faunique, Minkébé possède également un sous-sol très riche avec des ressources naturelles abondantes telles que le fer, l’or, le diamant, des inselbergs, des salines, des bailles, une variété d’espèces animales et végétales qui suscite la convoitise. C’est l’un des endroits les plus primaires du Gabon vous diront les écologistes, conservateurs, botaniques et autres scientifiques.
Du fait de son isolement au reste du pays et de sa proximité avec les pays voisins, l’immigration clandestine, la circulation des armes, le trafic d’ivoire, le trafic des stupéfiants, le trafic humain et par-dessus tout, l’insécurité territoriale, y ont pendant plusieurs années été assez fréquents dans le parc. Pour freiner la montée de ces méfaits, en 2011, l’Etat a pris la courageuse décision de renforcer le niveau de sécurité du parc par la mise en place d’une mission spéciale des Forces armées gabonaises (FAG) dénommée « La Relève » en appuie aux Écogardes. D’un effectif de 140 hommes, militaires et Écogardes, « LA Relève » a pour objectif, selon le Conservateur du parc national de Minkébé, « de sécuriser le parc, repousser les intrusions, saisir leurs matériels, leurs produits s’il y en a et les présenter devant les Parquets spéciaux pour d’éventuel mandat de dépôt ou de rapatriement dans les pays d’origine. »
Il s’agit d’une mission hautement stratégique et de terrain à laquelle prennent part : les Sapeurs-pompiers, les Armées de terre et de l’air, les Bérets rouges et la Marine en soutien aux 50 Ecogardes affectés par l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) pour le parc. « Dans les missions, nous faisons en général la parité en termes de composition des équipes. Les patrouilles sont composées du même nombre d’Écogardes que des militaires. Cette composition qui varie en fonction des missions dépend de la dangerosité de la zone d’action. Grâce à cette implication, depuis dix ans, reconnaissons-le, la menace à un peu muté », fait savoir le Conservateur qui ne manque pas d’indiquer que la grande menace aujourd’hui demeure l’exploitation illicite et le trafic de l’or.
En effet, les vieilles habitudes ayant la peau dure et compte tenu de l’isolement du parc, les zones dites « rouges » situées aux frontières se sont multipliées ces dernières années, compliquant la tâche à ses hommes et ses partenaires de l’armée gabonaise. Si ce dernier reconnaît l’apport considérable des FAGs dans la sécurisation du parc, les déguerpissements et la sécurisation du sous-sol de Minkebe demeurent deux défis majeurs. Ce qui nécessite une augmentation des effectifs. Ce sans quoi, les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Séraphin Lame