Si le Gabon perd chaque année environ 184,8 milliards de francs CFA par an en raison du trafic illégal de bois selon les chiffres du ministère des Eaux et Forêts, ce trafic ne cesse de perpétuer dans de nombreuses localités sud pays où, des tiers exploitent en toute illégalité, du bois à des fins commerciales.
Pour le pays, la recrudescence de ces cas de coupe illégale de bois constitue un véritable manque à gagner, en plus du fait que peu de cas d’exploitation forestière illégale sont réellement condamnés. Le problème n’est cependant pas un cas isolé au Gabon. Selon les estimations de la Banque mondiale, les coupes illégales représentent jusqu’à 90 % de l’ensemble des activités d’exploitation forestière dans certains pays et produisent entre 10 et 15 milliards de dollars de revenus illicites par an. Ces capitaux, contrôlés principalement par la criminalité organisée, échappent à l’impôt et affaiblissent les États en favorisant le développement de la corruption et de réseaux mafieux.
Au Gabon, certaines dispositions du Code forestier permettent de lutter contre l’exploitation forestière à grande échelle avec le concours de l’appui des partenaires externes peut s’avérer utile. Parmi ces partenaires, l’ONG Conservation Justice qui, avec le ministère des Eaux et Forêt se sont engagés à travers le projet d’Appui à la Lutte contre l’Exploitation Forestière Illégale (ALEFI) à faire face à plusieurs défis comme la coupe illégale du bois et le détournement de Fonds Développement Local (FDL). Ce travail est réalisé principalement dans les zones rurales, en appui aux communautés.
C’est cette synergie qui a permis à l’administration déconcentrée des Eaux et Forêts de Bitam appuyée par Conservation Justice d’interpeller à nouveau plusieurs contrevenants qui se seraient coupables de coupes illégales de bois. En effet, après des cas d’exploitation illégale de bois constatés en novembre et décembre 2022, quatre personnes ont été interpellées pour coupe, sciage et tentative de transport de bois sans autorisation délivrée par l’administration des Eaux et Forêts de Bitam dans le village Engongo, non loin du site Batouri d’Olam. Il s’agit des sieurs O.E.T, gabonais, I.I.L, camerounais, D.S et K.A, de nationalité malienne. Les trois dernières personnes citées ont été interpellées le 18 janvier 2023, en pleine forêt au moment où ils procédaient au chargement du bois dans un véhicule.
Ces trois individus vont dénoncer Monsieur O.E.T comme le principal organisateur de ce cas de sciage illégal. Il s’agit d’un entrepreneur originaire du village Engongo qui serait un fournisseur d’Olam Rubber. Celui-ci reconnaîtra avoir agi en toute illégalité avant de s’excuser vis-à-vis de l’administration des Eaux et Forêts. Le Cantonnement des Eaux et Forêts de Bitam a procédé à la saisie du bois illégal, estimé à 10 mètres cubes, et a infligé une amende à l’instigateur des coupes illégales conformément au code forestier.
Un cas similaire a eu lieu dans l’Ogooué-Ivindo au regroupement de villages de Mbess le samedi 21 janvier 2023. Prétextant auprès des populations et des auxiliaires de commandement la détention d’une autorisation en règle, un exploitant illégal de nationalité gabonaise, M.M.O.T., a employé des scieurs du village Mbess et des transporteurs pour scier puis déplacer le bois de la forêt jusqu’à la route où un camion était déjà en attente.
Informées par une équipe de Conservation Justice, les équipes des Eaux et Forêts ont saisi le bois illégal et les tronçonneuses utilisées pour ce délit. Environ 195 madriers sur trois sites de dépôt en bordure de route ont également été saisis.
Le sciage artisanal illégal constitue une menace pour l’intégrité des forêts et échappe à toute fiscalité tout en favorisant la corruption. Outre des mesures nécessaires de surveillance et de répression, la mise en place de mécanismes permettant aux scieurs artisanaux de réaliser leurs activités légalement permettrait d’alimenter les quincailleries en bois dont l’origine serait connue. Les Forêts communautaires en particulier pourraient constituer une source intéressante pour le sciage artisanal. Mais, elles sont malheureusement exploitées industriellement, en contradiction avec les principes de gestion communautaire, généralement à travers des contrats de fermage avec des opérateurs industriels qui respectent rarement la législation.
La Rédaction