L’hôtel Le Nomad, situé dans la partie nord de la commune de Libreville, capitale du Gabon, accueille depuis hier, mercredi 8 février 2023, l’atelier de formation consacré aux journalistes environnementaux et axée sur la lutte contre l’exploitation forestière et minière illégale, le trafic d’espèces sauvages et la surpêche.
Si pour reprendre les propos d’Ellen Thorburn, Chargée d’Affaires de l’Ambassade des Etats-Unis au Gabon, « la gestion des ressources forestières compte parmi les défis critiques auxquels les pays en développement sont confrontés », les journalistes spécialisés en environnement ont un rôle primordial à jouer dans la promotion des bonnes pratiques pour une gestion efficiente de ces ressources. Ceci est d’autant plus vrai qu’en 2020, selon le tableau dressé par cette dernière et suivant un rapport du Global Forest Watch, le bassin du Congo, la région forestière à laquelle appartient le Gabon, aurait perdu près de 600.000 hectares de sa superficie forestière. Soit une augmentation de 9% par rapport à l’année 2019.
Qu’il s’agisse donc du Gabon, du Congo, du Cameroun, de la Centrafrique pour ne citer que ces pays-là, le problème affecte la sous-région avec des défis toujours aussi importants qui mettent en surface l’épineuse « problématique de l’exploitation forestière illégale ». Pour les pays, la recrudescence de cette problématique rime avec importantes pertes financières. Soit près de 150 milliards de francs CFA sur une période de trois ans sur la période 2013-2015. Les répercussions sont ravageuses à bien des égards. Ces activités illégales occasionnent d’importantes pertes de revenus pour les Etats selon le bureau régional d’Interpol en Afrique Centrale. Parmi ces pertes, celles des recettes fiscales.
En effet, le bois originaire de cette région, les ivoires issues du trafic d’éléphants, l’orpaillage illicite et le trafic d’autres espèces tant faunique, floristique qu’océanique alimentent les réseaux illicites à travers le continent. Si des partenaires des pays de la sous-région se mobilisent pour mettre les gardes fous pour lutter contre ce fléau, l’implication des acteurs tels que les médias peuvent permettre de lutter efficacement contre cela. C’est dans ce sens qu’a lieu au Gabon, à Akanda à l’hôtel Le Nomad, la formation des journalistes sur les techniques d’investigations dans le domaine de l’environnement. Cette formation selon la Chargée d’Affaires de l’Ambassades des Etats-Unis est destinée à « renforcer la capacité professionnelle des journalistes à investiguer pour, d’une part, mieux informer la population et aider les décideurs, d’autre part, dans leurs efforts à mettre fin à de telles pratiques. »
Durant trois jours, avec les formateurs, les experts du ministère des Eaux et Forêts, dont le ministre Professeur Lee White, les partenaires de l’Etat tels que l’ONG Conservation Justice, le Projet Gabon Bleu et les magistrats, les journalistes vont s’imprégner non seulement des défis liés à la lutte contre l’exploitation forestière et minière illégale, le trafic d’espèces sauvages et la surpêche au Gabon mais également, avoir les rudiments pour mieux investiguer et mettre à nu les pratiques illégales et illicites touchant les domaines cités.
Les enjeux sont à ce point importants que pour revenir sur l’intervention du ministre des Eaux et Forêts, Prof. Lee White, malgré les efforts consentis par le Gabon afin de préserver ses ressources naturelles, de nombreux défis tels que l’exploitation illicite de l’or restent à surmonter, sachant les répercussions que la survenance de ces débordements peuvent avoir sur le tissu économique, la sécurité nationale et la pérennité de la ressources dans un contexte international des changements climatiques.
Pour le U.S. Agency for Global Media (USAGM) et la Voix de l’Amérique (VOA) organisateurs de cette formation, l’objectif est d’outiller les journalistes gabonais aux techniques de collecte, de traitement de l’information à la protection des écosystèmes, mais de conscientiser les populations et d’attirer l’attention des décideurs sur l’atténuation des dégâts environnementaux.
Michael Moukouangui Moukala