A la désolation totale, les habitants du PK8, dans le sixième arrondissement de la commune de Libreville, ont été le week-end écoulé, témoin de la mort d’une famille emportée par des éboulements, suite à la pluie qui s’est abattue dans la nuit de jeudi à vendredi. Un drame qui rappelle la dangerosité du phénomène de construction anarchique tant à Libreville qu’au Gabon.
Au nombre de sept (7), toutes des femmes âgées entre 7 et 50 ans, elles ont été emportées par la mort suite à un éboulement dû à la forte pluie qui s’est abattue dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Au PK8, derrière le Marché-Bananes, si les conséquences de cette catastrophe naturelle sont encore sur les lèvres des riverains, celle-ci met en exergue le problème des constructions anarchiques à Libreville en particulier et au Gabon en général.
Cela est d’autant plus vrai que ce n’est pas la première fois qu’un tel drame se produit dans la capitale gabonaise. En mars dernier, juste à côté, suite aux mêmes conditions climatiques, un événement similaire avait emporté un couple dans la zone du PK9-Pavé.
Un peu plus loin en arrière, en avril 2020 au quartier Mindoubé-I, c’est une famille dont trois enfants, habitant la zone dite Derrière-Sovog qui perdaient la vie sous le poids des éboulements. Il y a six ans en arrière, dans la zone du PK7, c’était une famille habitant qui à son tour, était emportée par la spirale infernale des éboulements.
Si ces cas ne sont pas isolés, ils mettent en exergue la dangerosité des éboulements de terrain qui se traduit au Gabon dans la plupart des cas, par des disparitions parfois prématurées des personnes. A titre de cause explicative, le phénomène des constructions archaïques et la dégradation des milieux de vie par les populations n’est pas souvent très loin.
En effet, avec le boom démographique qu’a enregistré Libreville ces dernières années (environ 800 milles individus), nombreuses sont les constructions qui font fi des règles de construction en milieu urbain. Pas étonnant d’observer à ce titre, des habitations construites dans des cuvettes ou mêmes en aval des collines ou falaises. Cela est d’autant plus dangereux qu’en plus de violer les normes de constructions requises, les auteurs de ces habitations dégradent en plus le milieu tout en détruisant la végétation autour.
Pour Christian Bernard Makaya, Ingénieur en géologie, il est assez risqué de construire en des tels endroits. « Je conseille donc aux personnes tentées de construire dans des endroits susceptibles de produire des éboulements, de construire des maisons avec des piliers porteurs profond et de prévoir des puisards afin d’éviter l’engorgement du sol en eau ».
Pour tenter de freiner l’archaïsme urbain dont souffre Libreville en particulier, le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme a annoncé en mars dernier lors des Journée des « Matinées du PAT », la mise en place d’un Code de l’urbanisme et de la construction. « Nous allons avoir un code de l’urbanisme, parce qu’en réalité on ne construit pas n’importe où. Il nous faut des textes pour réglementer tous ces aspects », avait déclaré le membre du gouvernement Olivier Nang Ekomie.
Quoique des prérequis en termes d’urbanisation des pôles urbains tels que Libreville sont nécessaires à la mise en place d’une telle loi, sa mise en place pourrait constituer une réponse à la spirale des éboulements de terrain qui chaque année, avale quelques éléments de la population de Libreville. Désormais face au drame de Libreville, les regards sont tournés vers le Gouvernement.
Michaël Moukouangui Moukala