Organisé par la délégation de l’Union européenne (UE) au Gabon, le ministère de l’Environnement, la Mairie de Libreville, ainsi que d’autres partenaires sur la thématique des Océans, la Semaine de l’environnement 2024 a pris fin le 30 novembre par une action de nettoyage des plages du littorale de Libreville. Cette année, la Semaine mettait l’accent sur la nécessité d’agir pour maintenir la résilience de ces écosystèmes.
Aires marines protégées (AMP), gestion durable de la ressource halieutique à travers une pêche responsable, lutte contre le pêche illicite, protection de la biodiversité marine, gestion des déchets sur les plages, le recyclage et l’érosion côtière pour ne citer que ces thématiques ont constitué la trame des questions abordées durant cette semaine qui s’inscrit dans la diplomatie verte de l’UE dans les pays où elle est présente. Celle-ci fait partie des campagnes mondiales de l’UE visant à favoriser la coopération sur le changement climatique et à inspirer de véritables actions en faveur du climat.
L’initiative a été lancée pour la première fois en 2019 sous le nom de Semaine de la diplomatie climatique de l’UE, puis rebaptisée Semaine de la diplomatie verte de l’UE depuis 2023. Cette année 2024, pour la clôture de cette semaine, l’Union européenne a rassemblé plus de 200 volontaires sur 10 sites le long de la côte de Libreville pour un curage des plages. Gangs et sachets poubelle en main, tous les volontaires ont retroussé leur manche pour débarrasser les plages de Libreville de déchets qui les encombraient.
« C’est vraiment une action collective et je trouve qu’elle a plusieurs intérêts. D’abord, elle illustre vraiment à quel point c’est un secteur important de ce partenariat. Cela montre aussi que le Gabon a peut-être une longueur d’avance en termes de compréhension des enjeux environnementaux. Je pense qu’elle nous permet de voir de manière très pratique, en quoi les déchets impactent notre environnement et notre vie quotidienne. Ce littoral, c’est vraiment un patrimoine extraordinaire au Gabon et je pense que c’est important d’en prendre soin », a fait savoir l’Ambassadrice de l’UE, Cécile Abadie.
La problématique de la pollution des plages par les déchets, notamment ménagés, est une question d’actualité au Gabon. Dans le Grand-Libreville par exemple, où vit près de la moitié de la population gabonaise, environ 660 tonnes de déchets ménagers et assimilés sont produits par jour. Si 70% de la population de la capitale bénéficie du service de collecte des déchets, la collecte quotidienne s’élève à 452 tonnes. Cependant, une bonne partie des déchets produits à Libreville sont difficilement récupérables et valorisés, car les déchets recyclables sont souillés par des déchets humides et le potentiel de récupération et de recyclage des déchets organiques est sous-exploité. Il y a donc urgence d’agir.
Face à ce sombre portrait, le Délégué Spécial de la Commune de Libreville, le Gén. Jude Ibrahim Rapontchombo, appelle à une prise de conscience collective et une responsabilité de tout un chacun pour changer de mentalité. « Il faut vraiment que nos concitoyens, gabonais ou non, tous ceux qui habitent la ville, comprennent que chacun a sa part de responsabilité dans cette thématique de l’insalubrité », a-t-il fait savoir.
S’inscrivant dans la même logique, Michel Delbrah, le Délégué spécial Adjoint de la Mairie d’Akanda, déplore cependant le manque de moyens pour pérenniser le nettoyage et la sensibilisation. « Nous faisons ce que nous pouvons. Nous avons un service de voirie qui s’attèle à nettoyer les plages autant que faire se peut », a-t-il souligné. Il va s’en dire que les ministères de tutelle doivent s’imprégner de cette problématique afin de trouver les solutions idoines à un changement de paradigme.
Toutefois, si la semaine de l’environnement de l’UE apparaît comme une action isolée, elle interpelle le gouvernement sur la nécessité de considérer la résurgence des problématiques écologiques dans un contexte urbain comme c’est le cas ici. Depuis l’avènement de la Transition, l’engagement autour de ces questions s’est quelque peu essoufflé pour des raisons inconnues. L’Union européenne vient de montrer qu’il y a matière à agir.
Michael Moukouangui Moukala