Ministre des Eaux et Forêts, le Général Maurice Ntossui Allogo veut sanctionner les exploitants et usagers qui se livrent dans la coupe illégale de bois dans les forêts gabonaises. Le ministre a exprimé cette volonté lors de son déplacement le week-end écoulé dans la province de la Ngounié, au Sud du Gabon.
Le Général Maurice Ntossui Allogo veut lutter contre le trafic illégal de bois au Gabon. En visite des services de son département de la province de la Ngounié, au Sud du pays, le ministre a appelé à l’arrêt des « coupes illégales » tout en annonçant la mise en place des « mesures répressives » contre ceux qui se livrent à cette activité non conforme. « Ce trafic, il faut l’arrêter, parce qu’il y a des mesures répressives qui vont être prises. Ceux qui coupent le bois de manière illégale répondront de leurs actes au niveau de la juridiction », a-t-il fait savoir d’un ton ferme.
Combat quotidien des autorités gabonaises et des ONGs spécialisées dans la lutte contre les crimes liés à la nature, à l’exemple de l’ONG Brainforest, Mouyissi Environnement ou Conservation Justice, la coupe illégale de bois constitue un véritable manque à gagner pour l’Etat. Au Gabon, les pertes financières liées à ce trafic représentent environ 180 milliards de francs CFA par an. Pour Yves Mapangou, Responsable Forêt de l’ONG Mouyissi Environnement, c’est une initiative louable que de savoir que le ministre des Eaux et Forêt veut mettre l’accent sur une problématique dénoncée depuis des années par les communautés et les ONGs, à savoir l’exploitation forestière illégale. « Peut-être, fait-il remarquer, qu’avec ce genre d’initiative interne, ils comprendront mieux ce que nous société civile dénonçons au quotidien ». Toutefois, ce dernier craint que l’élan du ministre soit anéanti par la « rengaine » des agents liée au « manque de moyens » pour aller en forêt et épingler ceux qui s’illustrent par l’exploitation illégale.
Pour freiner ce revers, le Gouvernement, par l’intermédiaire du ministère des Eaux et Forêts, a mis en place des mécanismes de gestion durable du secteur de la foresterie. Des mécanismes basés sur la traçabilité des bois coupés. Mais l’effet escompté n’est pas encore au rendez-vous. Ni la mise en place d’un cadre juridique plus contraignant, encore moins la certification forestière présentée comme la solution modèle au problème ou la mise en place du Système National de Traçabilité du Bois du Gabon (SNTBG) n’ont permis d’apporter des réponses pérennes.
Le SNTBG a été développé par l’Agence d’investigation environnementale (EIA) et Code4Nature, afin de permettre au secteur du bois du Gabon de passer d’un système de permis papier à un système numérique. Les entreprises du secteur du bois utilisent l’application mobile Androïde du SNTBG pour créer des enregistrements numériques de chaque étape de la chaîne d’approvisionnement, de l’inventaire des arbres sur pied à l’exportation, en passant par la coupe, le transport et la transformation. Mais son efficacité reste mitigée, alors que d’autres systèmes de traçabilité cohabitent avec ce système. Il fait partie des « mécanismes-solution » dans la lutte contre la coupe illégale, même si d’autres mécanismes doivent être développés.
A côté de cela, Yves Mapangou interpelle les agents du ministère des Eaux et Forêts sur les comportements et principes qui devraient animer leur action. « Il faut des personnes capables d’aller en forêt. Vous ne pouvez pas appartenir au corps des Eaux et Forêts et ne pas vouloir aller en forêt », s’est-il indigné, pointant du doigt laxisme dont souffre l’action des Eaux et Forêts dans la lutte contre les coupes illégales. Pour contourner cette difficulté, le membre de la société civile propose que l’Etat mette en place un cadre juridique qui « encourage et récompense les ONGs qui dénoncent et lancent des alertes sur les crimes liés à la nature au Gabon ».
En entendant, le ministère des Eaux et Forêts compte toujours sur la diligence des peuples autochtones, des communautés forestières et de la société civile, les gardiens selon lui des forêts et de leur bonne gestion, pour accompagner l’Etat dans la lutte contre le trafic illégal de bois ou coupe illégal qui constitue un véritable problématique dans la gestion durable des forêts.
Michael Moukouangui Moukala