Ali Bongo Ondimba, le désormais ancien président de la République du Gabon, a été destitué au matin du 30 août 2023 et avec lui, toute la ferveur de l’engagement autour du combat écologique mené par le Gabon ces dernières années. Absent de la scène diplomatique verte ces trois derniers mois, les autorités de la Transition doivent raviver cette flamme à l’occasion de la COP28 qui s’ouvre dans quelques heures à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis.
Si le Gabon a bel et bien participé au Sommet des trois bassins forestiers, organisé en octobre dernier par le Congo Brazzaville, un pays avec qui le Gabon et d’autres pays partage le bloc forestier du bassin du Congo, le pays du Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema n’est pas assez actif sur la question de la diplomatie verte depuis le départ d’Ali Bongo Ondimba du pouvoir. Pour preuve, après avoir manqué le Sommet africain sur le climat organisé en septembre dernier par le Kenya et juste à côté et dans le même pays, les discussions pour l’adoption du Traité multilatéral international sur l’usage du plastique, une question et pourtant d’importance au niveau national, le Gabon manque sérieusement des repères en dépit de sa position de leader sur les questions de préservation de la biodiversité et de lutte contre les changements climatiques au niveau mondial.
Pire, l’immobilisme dont fait preuve l’actuel ministre des Eaux et Forêts, le Colonel Laurice Ntossui Allogho n’est pas de nature à conforter les efforts consentis par Ali Bongo Ondimba et son gabonais blanc, le Professeur Lee White, pour faire rayonner la diplomatie verte du Gabon. Erreur de casting ou méconnaissance de ce dernier sur les dossiers chauds du ministère pour poursuivre l’œuvre de ces deux hommes, le Gabon tend à perdre son poids international de leader en matière des questions écologiques. La poursuite des chantiers en instance, telles que ceux en rapport avec la question des crédits carbone, le niveau d’avancement du partenariat entre le Gabon et l’ONG The Nature Conservancy (TNC) autour d’un accord pour l’émission de Blue Bonds pour refinancer une partie de la dette nationale gabonaise, pour protéger et gérer le milieu aquatique ainsi que les ressources maritimes nationales, sans oublier l’épineuse question du Conflit homme-faune (CHF) qui bat toujours son plein au Gabon, manque d’écho à l’ère de la Transition.
Certes, on peut le leur concéder, la communication tous azimuts n’est pas le propre de tous les hommes publics, encore moins pour ceux qui aiment plus parler par les actions que par les mots, mais on serait quand-même tenter de ses demander qu’elle sera l’écho du Gabon lors de la COP 28 qui débute dans quelques heures à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. L’interrogation à valeur, d’autant plus qu’à la différence des autres pays, la préparation de la participation du Gabon à cette rencontre souffre d’interrogations légitimes. A l’exemple : quelle sera la position du Gabon durant cette rencontre ? Quels sont ses attentes ? Sur quels domaines précis va-t-il intervenir ? Quels sont ses préoccupations ? Si le discours du président de la Transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, lors du Sommet des Trois bassins avait tracé la direction des attentes du pays, il faut dire qu’avec le climat qui change plus vite que les éclaires, des nouveaux enjeux ont fait surface au Gabon. A l’exemple de la question des inondations et des sinistrés de ces catastrophes qui dessinent clairement la prééminence des changements climatiques dans un pays où le taux de déforestation est évalué à 0,05% l’année et où, les émissions de gaz à effet de serre sont moins importantes qu’ailleurs. Soient 90 millions de tonnes de CO2 de moins qu’ailleurs par rapport aux émissions moyennes de la décennie 2000-2009 selon les conclusions du rapport de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC).
Le chantier en appelle à la responsabilité des tenants du pouvoir à maintenir le leadership du Gabon dans un domaine où Ali Bongo Ondimba est peut-être irréprochable. Celui du leadership du Gabon en matière de préservation de l’environnement. Sans une implication sérieuse avec des objectifs clairs et précis qui aboutissent à des partenariats concrets sur le moyen et long terme, il est clair que tous les efforts consentis dans ce domaine par l’ancien président de la République pourraient aller à l’eau et que d’autres pays, notamment le Congo Brazzaville qui voit là une niche pour réinventer son leadership au niveau international, s’en accapare au détriment du Gabon. D’où la nécessité pour le Gabon de faire bonne figure à Dubaï durant les douze jours d’échange. Cette tâche est peut-être facile à dire qu’à faire !
Michael Moukouangui Moukala