Partout à travers le Gabon, des montagnes craquent, des routes se coupent sous la force des eaux de pluie, quand d’autres deviennent de baignoire naturelles à ciel ouvert. C’est la conséquence du déchainement des pluies diluviennes qui depuis plus de deux mois, s’abattent sur le pays occasionnant des dommages. Ce sont les changements climatiques qui s’expriment d’après les scientifiques.
Des villages détruits par les orages ou envahi d’eau sous l’effet de la montée du lit des rivières, des quartiers en pleine capitale provinciale dans les eaux, des éboulements qui grignotent une partie des routes mal entretenues à travers le pays, des buses métalliques qui cèdent sous la force des eaux ou des ponts qui craquent sous l’effet du même intempérie…, au Gabon, les pluies qui s’abattent ces dernières semaines dans le pays ne laissent aucun repis aux populations. Encore moins aux nouvelles autorités. Un peu partout dans le pays, les populations vivent désormais au rythme des aléas climatiques qui dictent leurs lois et les obligent à modifier leur façon de vivre.
A quelques kilomètres de Makokou, la capitale province de l’Ogooué-Ivindo, c’est une buse métallique qui, il a quelques jours, avait cédé sous l’effet de la pression des eaux, interrompant la circulation des personnes et des biens vers cette capitale encore enclavée. Dans le Haut-Ogooué, sur l’axe Onga-Akiéni, alors que le gouvernement solutionnait à Okolassi, dans l’Estuaire, l’interruption de la route du fait du même élément, un autre danger interpelle la responsabilité de Raymond Ndong Sima, le premier ministre et ses collaborateurs. Sur la route de la Lopé, dans la province de l’Ogooué-Ivindo, le même malheur guète également ce tronçon routier, en raison d’un éboulement qui menace un pont. Sur l’axe Lébamba-Mbigou-Mimongo, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les pluies torrentielles qui s’abattent dans le pays menacent ces infrastructures construites il y a des décennies.
S’il nous parait impossible de faire état de la fracture dont souffre les routes gabonaises, en raison du couplage avec la pression des éléments naturels, notamment la pluie, il est fort aisé de reconnaitre que le Gabon est de plein fouet frappé par les conséquences des prévisions désastreuses des changements climatiques. Depuis près de deux ans déjà, le pays vit au rythme de ces enchainements naturels. C’est ce que les scientifiques nomment « catastrophes naturelles ». Entre des familles emportées par les éboulements, les sinistrés de ces mêmes éboulements et les infrastructures qui se dégradent en raison de la pression de ces éléments, le Gabon est appelé à s’adapter à un revers qui lui frappe de plein fouet au visage. Un basculement qui lui vaudra de consentir d’importants efforts financiers pour surmonter et prévenir ce nouveau mal. Chose que les scientifiques avaient pourtant prédit. Ailleurs, si les changements climatiques se manifestent par des feux de forêts, des Tsunami, des tremblements de terre, des baisses de températures, des sècheresses… dans les pays tropicaux, notamment au Gabon, c’est le déboulement des eaux qui font des ravages.
Alors que ce revers est appelé à s’intensifier en raison des changements de température attendus d’ici les années 2040, le Fonds monétaire international (FMI) plaide en faveur d’une aide des partenaires internationaux en direction des pays vulnérables, afin de permettre à ces pays, de s’adapter aux conditions météorologiques extrêmes pour éviter qu’elles ne deviennent encore plus perturbatrices. Ce son de cloches, c’est un peu le discours qui revenait avec insistance dans les prises de parole d’Ali Bongo Ondimba, l’ancien président du Gabon dans les tribunes officielles.
Pour protéger ses populations contre la montée des eaux, l’Etat envisage désormais au Gabon de mettre sur pied un plan d’urgence spécifique à ces questions. Annoncé en novembre 2022 par l’ancien président de la République, Ali Bongo Ondimba, celui-ci a été réactivé par l’actuel président, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Il permettra de s’attaquer aux problèmes des inondations et éboulements dans plusieurs localités du pays, alors qu’entre 2013 et 2021, 6120 ménages gabonais ont été affectés par ces catastrophes selon les données du ministère de l’Intérieur.
Selon les simulations réalisées par la direction de la Protection civile, cela représente 37.000 personnes, si l’on considère qu’un foyer compte en moyenne 6 personnes au Gabon. Ce qui représente une moyenne de 5000 personnes touchées par ces catastrophes. Pour les experts, la matérialisation de ce plan demeure une urgence nationale, au regard de la pression exercée par les éléments naturels sur les populations. Son effectivité permettra ainsi peut-être de répondre de manière efficace au déluge qui s’abat sur les infrastructures routiers du pays.
Michael Moukouangui Moukala