La multiplication des épaves de voitures ou de voitures abandonnées le long des voiries urbaines est une réalité patente au Gabon. Ces biens en fin d’usage participent cependant à la dégradation de l’image des villes gabonaises, tout autant qu’ils sont sources de pollution. Les torts de ce désordre sont partagés entre la Mairie, les propriétaires de ces véhicules et les garagistes.
Chaque année, des milliers de voitures deviennent des hors-usage au Gabon. D’un point de vue urbain, en plus de constituer une source de pollution organique, cela ternit l’image des villes touchées par ce problème. L’une des causes de cette problématique, l’urbanisation galopante des grandes villes gabonaises, dont Libreville, qui implique une production accrue des déchets, donc une augmentation de la probabilité de pollution. Il faut constater que l’inexistence de fourrière digne de ce nom et d’unités de recyclage favorisent également ce phénomène.
De plus, le laxisme à tous les niveaux, érigé désormais en norme, ne favorise pas la résolution de cette problématique. Le cas de la ville de Libreville, la capitale gabonaise est assez illustratif de ce problème. Malgré l’étroitesse des voiries urbaines de cette ville, certains propriétaires et garagistes ne manquent pas d’user du peu des parkings existants pour abandonner des véhicules hors d’usage. La mairie de Libreville se mobilise depuis plusieurs années pour lutter contre ce problème mais sa mobilisation est mitigée.
« Nous avons l’arrêté 3/10/2014 portant règlement sanitaire d’hygiène et de salubrité publique qui indique en son article 38 que des véhicules ou épaves ne doivent pas faire plus de 24 heures sur la voie publique. Conformément à cet article, nous effectuons des missions d’enlèvement de ces véhicules et épaves. Mais les difficultés d’ordre logistique freinent un peu ces missions. Sans oublier le fait que les garagistes sont très têtus », a indiqué une source proche de la mairie de Libreville.
Interrogés sur leur responsabilité concernant ce problème, certains propriétaires de garages ont affirmé ne pas être la cause du problème. « La plupart des véhicules qui sont ici sont en cours de réparation. Lorsqu’un véhicule est abandonné par son propriétaire, après plus de 6 mois, on récupère les pièces dont on a besoin et on le revend à la casse » se dédouane Edgard, un garagiste rencontré par La Lettre Verte au quartier S.T.FO, dans le troisième arrondissement de Libreville.
Il s’agit là cependant d’un avis mitigé. Car en effet, les garages anarchiques se sont développés en nombre ces dernières années. Ce qui fait que le moindre espace libre sur les voies publiques est directement occupé par les véhicules en attente de réparation, faute de place suffisante dans le garage. « Avoir des pièces de réparation de certains véhicules prend du temps. On finit très vite par manquer de place et donc, on occupe temporairement la rue. Mais dès qu’un véhicule se transforme en épave, on appelle une entreprise privée qui va s’occuper de le découper et ensuite de le vendre à la zone économique spéciale de Nkok pour la transformation », explique Diallo un autre garagiste situé derrière le Camp de Gaulle.
A priori, le recyclage se présente comme la solution alternative à ce problème, mais cet aspect de la question est peu développé au Gabon. Chaque année, le pays importe entre 15.000 et 20.000 véhicules d’occasion environ. L’importation des véhicules d’occasions a tendance à renforcer ce problème, du fait de la vieillesse de ces véhicules.
Pour contourner l’impact négatif de ces véhicules sur l’atmosphère et les villes gabonaises, le président de la République, Ali Bongo Ondimba dès son arrivée au pouvoir avait interdit l’importation au Gabon des véhicules vieux de plus de trois ans. Bien que cette décision politique à quelque peu été assoupli, il serait peut-être temps pour le pays de mieux harmoniser le cadre juridique relatif à la responsabilité dans la production des épaves de voitures
Michael N.M