Les risques de pollution par les émissions de combustibles issues des stations-service sont courants à Libreville, au Gabon. Alors que cette réalité passe inaperçu auprès du plus grand nombre, la rédaction de La Lettre Verte s’est penchée sur le voisinage toxique entre les habitations, stations-services et les restaurants au sein de la capitale gabonaise.
Un petit tour de ville de la belle Libreville et vous serrez immédiatement frappé par la cohabitation visible entre les habitations, les structures de distribution de carburant et les restaurants. C’est la parfaite illustration du déni public face aux conséquences susceptibles de découler de ce voisinage dangereux. A l’épreuve de la pollution par les combustibles issus de ces structures, les gabonais ignorants, mettent chaque jour en danger leur santé.
Et pour cause, nombre des structures de ravitaillement en carburant en activité à Libreville ont été implantées de manière anarchique. Qu’il s’agisse des stations de première classe qui peuvent recevoir plus de 50 milles litres de carburant ; celles de seconde classe qui reçoivent de 10.000 à 50 milles litres ou celles de troisième classe qui reçoivent entre 2000 et 10.000 litres de carburant, les irrégularités entachant l’emplacement de ces structures sont presque généralisées à l’ensemble des sociétés exerçant dans le domaine de la distribution de carburant au Gabon.
Pour répondre aux normes requises, celles-ci devraient être construites à plus de 30 ou 100 mètres des habitations environnantes (pour les stations de deuxième et troisième classe). Le respect de ces normes de construction permet de réduire les risques d’impact sur la santé des populations et de prévenir les effets de pollutions.
La grande majorité des entités de distribution de carburant semble faire fi de ces normes. A Libreville, la règlementation en la matière n’est pas toujours respectée à Libreville. Il suffit de sillonner les quartiers tels que Nombakélé ou Awendjé pour constater qu’à proximité de ces structures, se dressent des activités de restauration ou d’apprentissage. Le cas de “La Teranga”, restaurant très fréquenté à Nombakélé ou d’une école primaire située à deux lieux de la Station Engen à Awendjé illustrent de cette réalité. Le plus souvent, l’ignorance des normes en vigueur en matière de construction de ces structures explique l’acceptation par les populations de ce voisinage.
Polluant et dangereux pour la santé, cette proximité entre habitations, stations-services et restaurant ne cesse de se développer au fil du temps. Le cas des installations de la franchise KFC au Gabon, qui a choisi d’ériger la plupart de ses restaurants à proximité des structures de ravitaillement en carburant illustre non seulement de la gravité du problème, mais également du laisser-aller qui caractérise les autorisations de développement des activités commerciales notamment alimentaire au Gabon.
Les délits flagrants de ce développement anarchique sont entre autres, le non-respect des normes de sécurité, d’hygiènes et environnementales. La légèreté dans l’analyse des études impacts (EIE) et potentiellement la corruption entourant la validation de ces installations ne sont pas en restes. Le code des hydrocarbures est clair à ce sujet. « Toute personne physique ou morale exerçant une activité, d’hydrocarbures est tenue de respecter les prescriptions en matière d’hygiène, santé, sécurité, sûreté et environnement, applicables au secteur des Hydrocarbures. Ces prescriptions sont définies par voie réglementaire conformément aux textes en vigueur » (art.171). Le Code de l’environnement n’est pas moins muet sur la question.
La station Total située à Amboué, au cœur d’un conflit entre Total Marketing et Sieur Guy Loubamono Bessac, propriétaire d’une parcelle de terrain situé à quelques mètres de cette installation est un autre cas de figure qui met en évidence le peu de crédibilité des études impacts réalisées dans le cadre des projets d’installations des structures de distribution de carburant et soumis aux administrations directement concernées. Comme dans la plupart des cas, les principes de voisinage entre ce type de structure et les habitations ont été bafoués. Bien plus, c’est la réglementation gabonaise en la matière qui a été foulée au vue et au su des services habiletés et compétents.
Robert Nzé Obiang