La terre s’est réchauffée de 0,26°C en dix ans, alerte des chercheurs dans un rapport sur les indicateurs de changement climatique mondial. Ce record, selon les scientifiques, nous rapproche dangereusement du seuil des +1,5°C.
Publié ce 5 juin dans le journal Earth System Science Date (ESSD), ce rapport met en évidence l’échec des recommandations de Paris sur le climat et rappelle l’urgence d’agir pour stopper l’hémorragie climatique provoquée par les activités humaines. « Le seuil le plus ambitieux de l’Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement des températures globales à 1,5 °C, se rapproche dangereusement », prévient Aurélien Ribes, chercheur au Centre national de la recherche météorologique (CNRM), dans un communiqué.
Ce rapprochement a des conséquences graves sur la vie des populations avec la montée en puissance des extrêmes comme les vagues de chaleur mortelles, la dévastation des forêts par les incendies, les inondations et la naissance de nouvelles maladies dues à la fragilité de l’homme. Cette explosion est liée à des émissions de gaz à effet de serre toujours aussi élevées, sous l’effet des activités humaines, notamment la déforestation et l’exploitation des combustibles fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz. Elles sont équivalentes à 53 milliards de tonnes de CO2 par an.
En effet, les concentrations des principaux gaz à effet de serre dans l’atmosphère, emballent le système climatique qui finit par atteindre des sommets records. Pour le cas du dioxyde de carbone (CO2) par exemple, 419,3 parties par million (ppm) ont été enregistrées par les scientifiques contre 410,1 ppm dans le rapport du Giec de 2021. Soit une valeur inédite depuis plus de 2 millions d’années. Pour le méthane, cela représente 1 922,5 parties par milliard (ppb) et 336,9 ppb pour le protoxyde d’azote.
« La gravité des conséquences observées ces derniers mois, la chaleur intense sur terre et en mer, les précipitations extrêmes, la sécheresse, les incendies, et leurs effets sur les écosystèmes, les infrastructures et l’économie, nous rappellent pourquoi la moindre augmentation du réchauffement est désastreuse », explique Valérie Masson-Delmotte, Chargée de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives. Pour cette dernière, « cette deuxième mise à jour du rapport du Giec met en évidence l’intensification rapide de l’influence des activités humaines sur le climat ». Elle se présente donc comme un appel à l’action.
L’Afrique, en dépit de ses 4% de gaz à effet de serre n’est pas épargnée par cette alerte, puisque les effets liés aux changements climatiques ont souvent un effet d’entraînement dans le continent. Il y a quelques mois, c’était déjà le cas avec le phénomène météorologique d’El Niño qui s’est traduit par des pics de chaleur et des fortes précipitations de part et d’autres du continent. Cette mesure d’alerte doit tout aussi interpeller le continent.
La journée mondiale de l’environnement, célébrée ce mercredi 5 juin, est aussi l’occasion de prendre en compte cette alerte et de voir comment agir pour atténuer cette hémorragie.
Michael Moukouangui Moukala