Pour ses efforts en matière de lutte contre la déforestation et la gestion durable de la biodiversité, le Gabon reçoit de plus en plus le respect de la communauté internationale. Seulement Libreville, sa capitale, ne ressemble en rien la ville d’un pays qui se présente comme étant « champion » sur les questions climatiques.
S’il était possible d’inverser les rôles, Kigali serait la capitale du Gabon et Libreville celle du Rwanda. Mais hélas, cette possibilité inversée n’est guère possible. Capitale d’un pays « champion » en matière de lutte contre les changements climatiques, le portrait de Libreville n’a rien d’une ville écologiquement résiliente.
Entre insalubrité galopante de part et d’autres au sein de la capitale gabonaise, incivisme écologique de ses habitants, une foresterie urbaine sous-développée et des maux de tout genre liés au climat, la capitale gabonaise est à l’opposé du combat politique mené par ses dirigeants.
Pour tenter d’effacer ce sombre tableau, les autorités gabonaises, par la voix du président de la République Ali Bongo Ondimba, ont lancé récemment le concours du meilleur arrondissement. D’une cagnotte de 500 millions de francs CFA, cette initiative vise à récompenser l’arrondissement le plus propre pour ses efforts en matière de salubrité. Si l’initiative va s’étendre à l’ensemble du pays, elle manque d’un véritable engouement. Il suffit de faire un tour dans les quartiers pour se rendre compte que cette annonce qui date d’il y a plus de trois mois, n’a changé en rien le portrait de cette ville.
Et pour cause, les questions telles que celles liées à la problématique d’utilisation des matériaux résilients pour la construction des voiries urbaines et des habitations, la nécessité pour chaque foyer, d’aménager son environnement immédiat, la problématique de la gestion des ordures ménagers dans les points d’apports volontaires, la question de la pollution plastique, de l’assainissement urbain, notamment des rues et des caniveaux d’évacuation des eaux usées et des bassins versants montrent l’épuisement des autorités sur la question de l’insalubrité à Libreville.
Alors que le Gabon ne cesse d’accueillir des évènements sur la question, on serait tenté de s’interroger si les autorités gabonaises, notamment municipales, mesurent l’impact de la décadence des questions d’écologies urbaines auprès des visiteurs. Pour ainsi être claire, certes, le Gabon est un « champion » en matière de lutte contre les changements climatiques et la préservation de la biodiversité, mais sa capitale Libreville, ne reflète pas son combat. Comment comprendre une telle distance et à qui imputer la responsabilité. Pour répondre à cette question, il suffit de faire un saut en analysant la gouvernance municipale actuelle pour comprendre qu’elle est improductive. Pour répondre au dernier volet de la question, il faut savoir que les autorités, les populations et les partenaires dont Clean Afrique sont les trois responsables de cet échec.
Michaël Moukouangui Moukala