Certaines des plantes utilisées par les animaux peuvent également être utilisées aux mêmes fins thérapeutiques chez l’homme. C’est la conclusion tirée par un groupe de scientifiques après avoir réalisé une étude sur l’automédication des gorilles de plaine de la Moukalaba-Doudou, au sud du Gabon.
Publiée le 11 septembre 2024 dans la revue scientifique PLUS ONE, l’étude à laquelle ont pris part plusieurs scientifiques gabonais poussent les frontières du possible sur la zoopharmacognosie et prospecte les possibilités médicinales des certaines plantes consommées par les animaux, lesquelles pourraient ouvrir de nouvelles perspectives médicinales sur les antioxydants et en antimicrobiens.
Candidat à cette étude, les gorilles de plaines de la Moukalaba-Doudou, au Sud du Gabon qui se nourrissent principalement de tiges, de pousses de bambou et de fruits ont été révélateurs sur les intentions de cette étude. Le fromager (Ceiba pentandra), le mûrier jaune géant (Myrianthus arboreus), le teck africain (Milicia excelsa) et le figuier (Ficus), sélectionnés après des entretiens avec des guérisseurs locaux ont montré des bénéfices médicinaux sans pareil en ce qui concerne les propriétés recherchées.
En effet, l’écorce de ces arbres, utilisée dans la médecine traditionnelle pour traiter tous les problèmes, des maux d’estomac à la stérilité, contient des substances chimiques aux effets médicinaux, allant des phénols aux flavonoïdes. Les gorilles de plaines du parc de la Moukalaba-Doudou s’en servent pour s’auto-médicamenter.
Les quatre plantes ont montré une activité antibactérienne contre au moins une souche multi-résistante de l’insecte E. coli. Le fromager, en particulier, a montré une « activité remarquable » contre toutes les souches testées.
Pour l’un des scientifiques ayant travaillé à cette étude, le Dr Joanna Setchell, anthropologue à l’université de Durham, au Royaume-Uni, « cela suggère que les gorilles ont évolué pour manger des plantes qui leur sont bénéfiques et met en évidence les énormes lacunes dans notre connaissance des forêts tropicales d’Afrique centrale ».
Riche d’une biodiversité exceptionnelle, le Gabon, constitue un vaste réservoir de biomolécules actives potentielles inexplorées selon les scientifiques. D’après eux, cette étude qui vise à évaluer la composition chimique (familles de métabolites secondaires) est une preuve vivante de ce potentiel. Les activités antioxydantes et antimicrobiennes des espèces végétales consommées par les gorilles vivant dans le parc national de Moukalaba-Doudou pour contrôler les infections microbiennes au sein de leurs communautés et utilisées comme MP traditionnels par les guérisseurs du Gabon orientent à plus d’un titre sur les perspectives de l’évolution de la médecine en elle-même.
Séraphin Lame