Après deux jours d’échanges et de partage d’expériences, à Paris, en France, durant lesquels spécialistes, experts et scientifiques de la conservation ont présenté leurs travaux sur l’écologie de l’éléphant, son lien avec les forêts et les humains, ces derniers se sont accordés à reconnaître que cette espèce « en danger critique d’extinction », joue un rôle clé pour le fonctionnement des écosystèmes forestiers du bassin du Congo.
Le symposium “Forêts et éléphants”, organisé par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris et l’Agence nationale des parcs nationaux du Gabon (ANPN), s’est tenu les 2 et 3 novembre 2023 à Paris, en France. L’objectif de cette rencontre était de faire le point sur la situation de l’éléphant, notamment au sein du bassin du Congo. Le MNHN et l’ANPN collaborent depuis 2021 dans le cadre d’un accord de coopération scientifique et technique. Le MNHN apporte son expertise pour renforcer les capacités de l’ANPN et approfondir les recherches sur l’éléphant de forêt. Ces recherches visent à mieux comprendre l’espèce et ses besoins, afin de permettre sa conservation et la coexistence durable entre la grande faune, les forêts, les activités humaines et les populations locales.
A Paris, le symposium a permis de mettre en lumière l’éléphant, une espèce clé pour le fonctionnement des écosystèmes forestiers du bassin du Congo. « Nous avons entamé nos travaux par un état des lieux, qui nous a rappelé que l’éléphant de forêt est une espèce en danger critique d’extinction. Les menaces persistent, qu’il s’agisse du braconnage pour le trafic de l’ivoire ou de la réduction de l’habitat due à la déforestation. Le conflit entre l’homme et l’éléphant constitue également une menace pour l’avenir de toutes les espèces d’éléphants », a laissé entendre Stéphanie Bourgeois de la Cellule scientifique de l’ANPN.
Or, il est de notoriété que les forêts du bassin du Congo jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre le réchauffement climatique au niveau de la planète. De plus, ces forêts contribuent au bien-être des populations locales de cette sous-région. Malgré son importance pour la planète, l’éléphant de forêt a été négligé par la recherche scientifique en raison de son habitat difficile d’accès et de la difficulté de l’observer directement en forêt. Reconnue comme une espèce séparée de l’éléphant de savane par l’UICN en 2021, l’éléphant de forêt est classé « en danger critique d’extinction ».
Menacés par le braconnage et la destruction de leur habitat, ils ont perdu près de 60% de leurs effectifs en quelques décennies. Lors du One Forest Summit qui s’est déroulé les 1er et 2 mars 2023 à Libreville au Gabon, coorganisé par la France et le Gabon, l’importance de la préservation des populations d’éléphants de forêt pour la gestion durable des forêts tropicales a été rappelée.
Le symposium « Forêts et Éléphants » visait à présenter les travaux autour de l’écologie de cette espèce mais également le développement de nouvelles techniques permettant de mieux comprendre le fonctionnement et le suivi des éléphants et des forêts tropicales, ainsi que l’apport des sciences humaines et sociales pour mieux appréhender la coexistence entre grande faune, activités humaines et communautés locales. Les recherches menées également sur les autres espèces d’éléphants ont permis de mettre en perspective la délicate question de la coexistence entre les populations humaines et la grande faune dans le monde.
Le symposium s’adressait à un public de chercheurs, de gestionnaires, d’acteurs de la conservation et d’étudiants. Un format hybride a permis de réunir une participation importante, aussi bien en présentiel qu’en ligne.
Le Gabon, qui abrite environ 70 % des éléphants de forêt, a été particulièrement bien représenté au cours de ce symposium, à travers la présentation des travaux de recherche de l’ANPN, de l’Institut de recherche en écologie tropicale (IRET) et de leurs partenaires. Pour compléter cette présentation, un film a été projeté au cours du symposium afin de présenter le programme de recherche sur les éléphants développés par l’ANPN, qui déploie notamment des colliers GPS, des pièges photographiques et des tests génétiques pour étudier cette espèce.
Ce symposium positionne une nouvelle fois le Gabon en leader de la conservation de cette espèce phare. Les discussions au symposium ont souligné l’importance de la prise en compte des communautés locales pour la conservation de la biodiversité. En effet, la conservation doit être profitable à tous les acteurs de l’écosystème, y compris les humains.
Les communautés locales sont souvent les premières à être touchées par la perte de biodiversité. Elles peuvent également jouer un rôle important dans la conservation, en tant que gardiennes de la nature et en tant que partenaires des scientifiques et des gestionnaires des parcs nationaux. Les échanges réalisés au cours du symposium permettront de renforcer et développer les collaborations scientifiques au Gabon, notamment entre les scientifiques, les gestionnaires des parcs nationaux et les communautés locales, afin de mettre en place des programmes de recherche multidisciplinaire.
En conclusion, la recherche scientifique sur l’éléphant de forêt est un investissement essentiel pour la conservation de cette espèce menacée. Elle est également essentielle pour mieux comprendre les conflits entre l’homme et l’éléphant. En effet, elle permet de mieux comprendre les besoins de l’éléphant et les causes des conflits entre l’homme et l’éléphant. Cette connaissance est indispensable pour guider les décisions de gestion et permettre une coexistence durable entre l’homme et l’éléphant, pour les générations futures.
La Lettre Verte avec le Comité d’organisation