Les bassins forestiers amazonien, du Congo et du Bornéo-Mékong représentent 80% des forêts tropicales du monde et les deux tiers de la biodiversité terrestre. Face aux enjeux et défis qu’ils représentent et permettent de surmonter, l’alliance de ces trois bassins, selon les experts, s’impose aujourd’hui comme une nécessité.
Cette volonté a été mise en avant-hier, vendredi 27 octobre 2023 lors du Panel 1 axé sur la Gouvernance au niveau local, national et régional au niveau des trois bassins. Présidé par Madame Arlette Soudan-Nonault, ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, ce panel, qui a enregistré l’implication d’éminents experts tel que le Dr. Honoré Tabouna, Commissaire à l’Environnement, Ressources Naturelles, Agriculture et Développement Rural de la Commission de la CEEAC, a été l’occasion de passer en revue les fondamentaux pour la matérialisation d’un projet d’alliance ou coopération, c’est selon, entre les trois bassins.
Blocs forestiers vitaux et stratégiques pour l’humanité, les trois bassins forestiers assurent la subsistance d’au moins 1 milliards de personnes à travers la planète. La rencontre du Congo est une opportunité d’entrevoir une coopération trans-bassins, fondée sur les paramètres politiques, diplomatiques, économiques, financiers et les mécanismes existants. Selon le Dr. Honoré Tabouna, en proposant cette possibilité, les experts qu’ils sont ne « veulent pas inventer les choses, mais s’inspirer de l’existant » pour voir ce qui est possible et ce qui existe au niveau de chaque bassin.
Ainsi, les panélistes se sont accordés sur l’inclusivité des actions et rapports, la mise en avant de la dimension locale dans la valorisation des trois bassins, la mise en avant de l’implication scientifique, la transparence transfrontalière entre bassins, la souveraineté des Etat, la prise en compte des paramètres sanitaires dans l’optique d’une coopération interbassin, la nécessité de profiter des rencontres internationales pour définir les priorités à mettre en place et la mise en valeur des Contributions déterminées au niveau national (CDN) pour structurer la gouvernance du partenariat sur les aspects d’économie de l’oxygène et de l’économie de gaz à effet de serre (GES).
A travers ces actions, il s’agira d’impliquer l’ensemble des acteurs concernés par la préservation des écosystèmes forestiers et la biodiversité des trois bassins. Au niveau scientifique, il s’agira de comprendre et connaître nos forêts, pour mieux les défendre, explique le Rapporteur, Dr. Honoré Tabouna. Ce, d’autant plus selon lui que « si on ne connaît pas ce qui se trouve dans nos forêts, il nous sera difficile d’aller les défendre sur entre autres des marchés ». Fondamental dans ce processus de connexion, la question de la transparence fixera les périmètres juridiques pour faciliter l’action des Etats sur des questions transversales. Il en sera de même pour chaque question mise en avant dans la projection de ce partenariat, tant pour la question de la souveraineté des Etats, celle de la santé humaine que celle des CDN dont le rôle n’est plus a démontré dans la lutte contre les changements climatiques, la gestion durable de la biodiversité et autres. Pour les experts à fait savoir Dr. Honoré Tabouna, «les Contributions déterminées au niveau national doivent être la base pour structurer cette gouvernance.»
Si les avantages de ce partenariat ici exposé ne sont pas exhaustifs, la matérialisation de celui-ci pourrait ouvrir une nouvelle ère dans la longue lutte des Etats à travers le monde pour la préservation de la biodiversité, la lutte contre les changements climatiques et la pollution, trois grandes problématiques des temps modernes qui menacent la planète. Avec 80% des forêts tropicales du monde, les trois bassins forestiers que sont l’Amazonie, le bassin du Congo-Ogooué et celui du Bornéo-Mékong se présentent en effet comme une réponse à la lutte contre ces menaces. Toutefois, la possibilité de cette alliance souhaitée dépendra du consensus des décideurs. Déjà qu’à Brazzaville, au Congo, l’absence de certains de ces décideurs dans une rencontre aussi importante fait débat et imprime les difficultés à venir dans l’opérationnalisation de ce partenariat.
Michael Moukouangui Moukala