Engagés dans un partenariat pour refinancer une partie de la dette nationale gabonaise, et protéger et gérer le milieu aquatique ainsi que les ressources maritimes nationales, le Gabon et l’ONG The Nature Conservancy (TNC) ont officialisé ce jour, mardi 15 aout, leur accord autour de l’émission de Blue Bonds.
Toute première transaction de « restructuration dette-nature » en Afrique subsaharienne, l’accord entre les deux parties vise l’émission de Blue Bonds d’une valeur de 500 millions de dollars, soit 299,9 milliards de francs CFA pour refinancer une partie de la dette nationale gabonaise et protéger et gérer le milieu aquatique, ainsi que les ressources maritimes du pays pour un montant de 163 millions de dollars, soit 97,7 milliards de francs CFA.
« Le lancement du « Blue Bond » gabonais marque un tournant (important). Il laisse présager le développement substantiel de mécanismes de financements verts ou bleus dans les années à venir en aidant des pays tels que le Gabon, qui protègent efficacement des écosystèmes essentiels à développer leurs économies durablement », a fait savoir Ali Bongo Ondimba, le président de la République du Gabon.
Pour ce dernier, malgré son caractère conciliant face aux engagements internationaux en matière de soutien et de financement des efforts de conservation de la biodiversité dans les pays en développement, un certains saut doit être opérer pour faire de la réalité de ce partenariat avec The Nature Conservancy et la US International Development Corporation une réalité plus globale pour soutenir les pays qui s’illustrent positivement en matière de préservation de la biodiversité et de la lutte contre les changements climatiques.
A ce titre, invite-t-il « les pays développés ainsi que nos banques multilatérales à multiplier ce genre d’initiatives qui pourraient apporter un concours significatif lorsqu’il s’agit de traiter les questions clés liées au développement durable, au changement climatique et à la perte de biodiversité. »
En effet, l’appel du président de la République gabonaise n’est pas anodin. La question du financement ou encore du soutien des pays en développement dans leurs efforts de résilience écologique étant au cœur des préoccupations depuis l’Accord de Paris de 2015 sur le Climat, celle-ci n’a jamais trouvé d’écho favorable auprès des pays du Nord, encore moins des banques. Or, en plus d’être pour la plupart, des pays-solution dans la lutte contre les changements climatiques, nombre de ces pays ne sont que modestement responsable du revers du climat actuel qu’enregistre le monde.
L’aboutissement de l’accord de ce jour est un saut significatif et appréciable au plus haut point, en ce sens qu’il accompagne le pays dans son objectif de protéger 30% des terres, des systèmes d’eau douce et des océans du pays d’ici à 2030. Et pourrait en l’état, constituer un exemple à suivre pour d’autres organisations ou pays.
Piloté par la Bank of America, le produit d’une nouvelle émission d’obligations, a été selon le communiqué du ministère des Eaux et Forêts, utilisé pour refinancer une partie de la dette publique gabonaise. Ce qui va d’après le meme département, réduire le coût global de la dette et permettre un financement direct de $4,3 millions de dollars, soit plus de 2 milliards de francs CFA par an pendant 15 ans.
Fort de ses spécificités fauniques et floristiques, le milieu marin gabonais abrite une exceptionnelle biodiversité aquatique. Des plages exceptionnelles, aux cétacés et amphibiens qui trouvent en ce lieu, l’un des meilleurs refuges de reproduction, en passant par des mangroves dont le rôle écologique n’est plus a démontré, le milieu aquatique national est naturellement bien doté.
Avec actuellement 3 parcs nationaux dotés d’écosystèmes marins et de mangroves, 9 parcs marins sur ses eaux territoriales et 11 réserves aquatiques dans sa Zone Economique Exclusive (ZEE), les Blue Bonds aideront le Gabon à parfaire son initiative « Gabon Bleu » et à étendre son réseau d’aires marines protégées en passant de 26 pour cent d’aires protégées à 30 pour cent.
Ainsi, annonce le ministère, des fonds seront alloués afin de s’assurer de la bonne gestion des aires maritimes protégées au Gabon et de leur impact optimal sur la conservation, de décupler la surface maritime gabonaise bénéficiant des plus hauts niveaux de protection, en la faisant passer de 1 % à 10 %, et d’optimiser le plan d’aménagement de l’espace maritime gabonais. Le renforcement de la lutte contre la pêche industrielle illégale, non déclarée et non réglementée permettra par ailleurs d’assurer la viabilité et la pérennité de l’économie maritime gabonaise.
Michael Moukouangui Moukala