Écologiste et Commissaire général du Centre national de la recherche scientifique et Technologique du Gabon (Cenarest), pour le Professeur Alfred Ngomanda, le Gabon captera des financements dans le cadre de la valorisation de ses crédits carbone. Mais il devra s’armer de patience car il s’agit d’un processus long.
Les crédits carbone, c’est la notion en vogue ces dernières années au Gabon. Le pays, qui séquestre l’équivalent de 140 millions de tonnes de carbone par an contre 35 millions d’émissions domestique, veut profiter de la plus-value de cet actif vert pour être récompensé pour ses efforts de conservation de sa forêt.
En octobre 2022, dans le sillage de cette ambition, en reconnaissance de son statut de pays à haute couverture de forêt et faible déforestation (HFLD), la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC) a validé́ plus de 187 millions tonnes de crédits REDD+ pour le Gabon, conformément aux données et informations fournies par le pays. Avec l’aboutissement de cette importante étape, les autorités gabonaises s’attendent d’ici quelques années, à bénéficier de financement dans le cadre de la vente de ces actifs.
Pour 90 millions de tonnes de crédits carbone, le Gabon devrait en effet empocher environ 773 millions de francs CFA. Cette manne, d’après les projections faites par les autorités gabonaises, sera divisée entre les activités de conservation de la forêt, les populations rurales, la dette et la loi de finances pour des projets intégrateurs dans les domaines de l’éducation, la santé et la résilience climatique et les générations futures.
Depuis l’annonce de la mise en vente de ces actifs, si la société civile et les observateurs ne croient pas beaucoup à la possibilité de l’achat de ces crédits par les investisseurs, en raison de leur caractère volatil dû au problème de garantie, certains scientifiques sont sereins. Écologiste et Commissaire général du Centre national de la recherche scientifique et Technologique du Gabon (Cenarest), le Professeur Alfred Ngomanda appelle en effet à la patience, car selon lui, il ne s’agit pas d’un actif tel que celui du pétrole » qui peut s’écouler aussi facilement.
Unanime, le Professeur croit en effet que « le Gabon sera payé pour ses actifs financiers liés aux crédits carbone », mais avec un peu plus de temps. A cet effet, conseille-t-il, « il faut que l’on soit patient. » Le scientifique à la forte conviction que « les efforts consentis par le Gabon au cours des trente dernières années commencent à porter leur fruit ». Mais, prévient-t-il, il ne faut pas s’attendre à ce que demain, ces stocks puissent être vendus sur le marché international aussi facilement. Car avant l’étape de l’achat, il y a tout un processus lié à la séduction (convaincre) et à la mise en confiance des Etats pollueurs et des entreprises qui émettent, de compenser leurs émissions en achetant des crédits carbones qui sont dans nos forêts qu’il faut mettre en place.
Pour le Professeur qui nous a accordé une interview lors de la visite du président français Emmanuel Macron à l’Arboretum Raponda Walker, dans le cadre du One Forest Summit, le processus sera un peu long en raison des « négociations », mais il finira par payer.
Michael Moukouangui Moukala