Doter les patrimoines ancestraux d’un cadre juridique, des ONGs, l’administration publique chargée du développement durable et des partenaires internationaux y songent au Gabon. L’enjeu derrière cette réflexion est de sauvegarder les territoires et les savoirs des peuples autochtones.
Au Gabon, si le Code forestier reconnaît l’existence des aires protégées, les réserves naturelles et autres parcs nationaux, les Aires et patrimoines conservées par les peuples autochtones et communautés locales elles, ne disposent pas de statut juridique. Ce qui menace la conservation de ces espaces et compromet le transfert générationnel des savoirs.
Pour veiller à la conservation de ces espaces historiques et ancestraux, l’ONG NADA recommande une série d’actions pour les protéger. Entre autres recommandations, figure l’instauration des journées culturelles dans les villages afin d’assurer le transfert générationnel des connaissances ou du patrimoine culturel, la sécurisation des zones de vie des autochtones et communautés locales en les érigeant en aires conservées au regard des menaces d’exploitation forestière et minière, saisir l’opportunité de la révision du Code forestier pour y intégrer les APAC, l’harmonisation du Code forestier, minier et celui de l’Environnement pour éviter les chevauchements, et assurer une meilleur affectation des terres en faisant appliquer l’article 251 de la loi n°16/01 du 31 décembre 2001 portant Code forestier au Gabon.
En dépit d’être considérées comme les populations naturelles du Gabon, les peuples autochtones sont sous valorisés au Gabon. Pour la grande majorité, ils manquent des documents administratifs et ne sont pas souvent pris en compte dans la stratégie nationale de lutte contre les inégalités et la pauvreté. Pour l’ONG NADA, il serait souhaitable de trouver des mécanismes afin d’établir des actes de naissance aux peuples autochtones qui n’en bénéficient pas, établir un mode de gouvernance partagée entre les communautés, les ONG et l’Etat où les décisions seront prises de façon collégiale, réglementer la gouvernance des APAC par la prise des textes juridiques afin de conserver réellement ces aires ; créer un réseau national des APAC.
La prise en compte de ces recommandations pourrait sonner une nouvelle ère pour ces patrimoines qui jouent un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité et la sauvegarde des écosystèmes dans le bassin du Congo.
Séraphin Lame