A l’occasion de l’ouverture du One Forest Summit qui se tient actuellement à Libreville, la capitale gabonaise, sous l’impulsion du Gabon et de la France, un rapport lancé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) interpelle les dirigeants de la planète sur la nécessité de soutenir et intensifier le financement innovant de la nature.
Baptisé « Innovative Finance for Nature and People », le rapport a été élaboré par un groupe de travail de haut niveau de vingt personnes soutenu par un panel d’experts. Il intervient dans un contexte de forte mise en valeur de l’importance du financement innovant et des certificats naturels de crédits carbone positifs pour le soutien aux politiques de préservation de la biodiversité. Au sein du Bassin du Congo, la question du financement de la nature cristallise les passions et les pays peuvent trouver dans ce rapport, un meilleur plaidoyer pour amplifier leur position sur la question.
Il faut par ailleurs peut-être faire savoir que la promotion de ce mécanisme de financement qui s’articule tout aussi comme une réponse face au besoin incessant de financement des pays en développement pour la compensation climatique, offre en effet d’importantes garanties. « Les crédits carbone et les certificats de nature positifs pour la biodiversité ont le potentiel de débloquer des financements supplémentaires provenant de diverses sources, y compris des entreprises du secteur privé qui se sont engagées à être positives pour la nature et à soutenir une transition nette zéro », a fait savoir Carlos Manuel Rodriguez, PDG de le Fonds pour l’environnement mondial.
Pour ce dernier, il est indéniable que les pays tirent les leçons des travaux antérieurs sur les crédits carbone pour créer un système unique et unifié de crédits forestiers qui tienne compte à la fois des préoccupations climatiques et de la biodiversité. Ce nouveau mécanisme pourrait en effet aider à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et du nouveau cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. Pour prendre le premier volet, il interpelle notamment les pays développés à prendre l’initiative d’apporter une aide financière aux pays moins bien dotés et vulnérables. Ces pays peuvent trouver dans ce rapport, un mécanisme innovant et approprié à l’engagement de leur responsabilité.
Ce mécanisme est en ce sens, fédérateur d’une nouvelle approche plus inclusive faisant la part belle entre les gouvernements, le secteur privé, les investisseurs, les ONGs, les peuples autochtones, les communautés locales et la communauté scientifique pour introduire une gouvernance efficace pour les certificats de nature et améliorer la gouvernance du carbone existante pour inclure des éléments de biodiversité. Mais pour cela,
« Les financements innovants offrent une solution tangible au problème du financement de la conservation et de la restauration de la biodiversité, mais nous devons faire le travail tôt dans le développement du marché pour nous assurer qu’ils ne deviennent pas un autre moyen de greenwashing », a pour sa part fait savoir Tom Mitchell, directeur exécutif de l’IIED. « S’ils sont mis en œuvre de la bonne manière, estime-t-il, ils pourraient aider à préserver des plantes, des animaux et des écosystèmes précieux, tout en canalisant les financements vers les communautés locales et les peuples autochtones qui sont les gardiens les plus efficaces de la biodiversité. »
Michaël Moukouangui Moukala