Au Gabon, en marge de la réunion de haut niveau des présidents, Emmanuel Macron, président de la République française dont le pays co-organise avec le Gabon, le One Forest Summit, a visité le matin de ce jeudi 2 mars, la forêt classée de l’Arboretum Raponda Walker située dans la zone nord de Libreville. A l’occasion d’une entrevue presque prématurée avec la presse, le président français n’a pas manqué de décliner les axes de la politique française pour la préservation et la valorisation des forêts.
Vêtu d’une chemise blanche, d’un pantalon tissu bleu et d’une chaussure de terrain noire, le président de la République française, Emmanuel Macron a foulé le sol de la forêt classée de l’Arboretum Raponda Walker à 10h moins. En compagnie du ministre des Eaux et Forêts, Professeur Lee White, le président français a été pour la première fois au contact de la forêt gabonaise. Une visite tout à fait obligatoire, vu qu’elle s’inscrit dans le prolongement des activités prévues à l’occasion du One Forest Summit que le Gabon co-organise avec la France.
Cette marche dans la forêt gabonaise a en effet revêtit toute une symbolique. Située à quelques kilomètres de la capitale gabonaise, la forêt classée de l’Arboretum Raponda Walker est le premier témoin de la politique de conservation de la biodiversité du Gabon. Forêt secondaire, celle-ci abrite une diversité d’essences végétales et animales, dont le célèbre bois exotique l’Okoumé et plusieurs espèces de serpents, de papillons, d’oiseaux et bien d’autres.
Au cœur de l’Arboretum Raponda Walker gérée par l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), sur la base des explications du ministre gabonais des Eaux et Forêts, Emmanuel Macron a eu droit à un cour magistral sur les connaissances des composantes écologiques et sur sa gestion durable. Mais durant cette entrevue, va faire savoir le ministre Lee White, ce sont les méthodes gabonaises pour la valorisation de la forêt, dont celles impulsées par le président de la République Ali Bongo Ondimba, qui ont été expliquées au Président français.
Il faut savoir qu’avec un couvert forestier évalué à près de 90% du territoire national, les méthodes de conservation de la biodiversité du Gabon ont permis de classer 11% du territoire national en aire protégée, soit 13 parcs nationaux. Par ailleurs, 20 aires protégées aquatiques et 9 sites Ramsar et une flore d’une exceptionnelle richesse, foisonnée par plus de 400 essences de bois et des plus hautes mangroves du monde, atteignant jusqu’à 62 mètres de hauteur s’ajoutent au palmarès de la forêt gabonaise. Ce portrait n’est toutefois pas exhaustif, car en plus de ces spécificités statistiques, le Gabon c’est aussi une diversité d’espèces fauniques qui ne cesse de séduire l’extérieur. Emmanuel Macron n’y a pas échappé.
Saluant ainsi le travail effectué par les autorités gabonaises, ce dernier a reconnu la prise de conscience qui vient de loin et de plusieurs années. « Cette forêt du Gabon capte l’équivalent d’un tiers du CO2 que la France émet. On a ici en Afrique, une partie des solutions contre le dérèglement climatique et les émissions de CO2 qui sont un véritable problème. Même si nous sommes en train de faire des efforts pour ralentir tout cela, ici, il y a un travail qui est fait et que l’on doit valoriser et reconnaître », a fait savoir le président français.
Et ce dernier est formel : « pour protéger et pouvoir vraiment valoriser, il faut connaître et mesurer ». C’est en ce sens qu’il a décliné les axes de soutien de la politique française à la préservation de la biodiversité. Ces axes comprennent entre autres, les domaines de l’aide à la recherche scientifique, la mise en place des chaînes de valeurs pour créer des emplois et pour permettre le développement humain compatible avec cette préservation de la biodiversité et enfin, la mobilisation des financements internationaux pour soutenir ces efforts.
Pour le Professeur Alfred Ngomanda, Écologiste et Commissaire général du Centre national de la recherche scientifique et Technologique du Gabon (Cenarest), cette prise de conscience tombe à point nommé. Certes tardive selon lui, mais elle permet de donner aux forêts du bassin du Congo en général et celles du Gabon en particulier, l’importance qui leur revient de droit.
Au Gabon, en dépit du calendrier avoué, la visite du président français ne fait pas l’unanimité. Si après la diplomatie politique et économique connue durant des décennies à l’issue des indépendances, le pays veut s’engager dans une diplomatie « verte », en vue de répondre aux préoccupation du moment telles que celles liées aux changements climatiques, certains acteurs au Gabon, notamment de la société civile trouvent matière à dire sur les vrais enjeux du One Forest Summit.
Michaël Moukouangui Moukala