A terme, le ministère des Eaux et Forêts prévoit la construction de deux nouvelles zones économiques spéciales (NZES) à Lambaréné, dans la province du Moyen-Ogooué et à Franceville, dans la province du Haut-Ogooué. L’entrée en service de ces zones « forestivores » devrait booster les besoins en bois pour nourrir des ambitions économiques de plus en plus croissant.
Dix ans après l’entrée en vigueur de la mesure présidentielle règlementant l’exportation des grumes au Gabon, le pays découvre avec satisfaction les vertus de la domestication de la transformation de son bois. « Il y a dix ans, le président de la République a pris la mesure forte mesure d’interdire l’exportation des grumes. Dix ans plus tard, 90% de notre secteur forestier excelle dans la première transformation », confiait le ministre des Eaux et Forêts, Professeur Lee White lors d’un entretien en juin 2020.
Ces performances donnent au Gabon l’envie de retenter l’expérience dans ce segment en lançant la construction des nouvelles zones économiques spéciales (NZES), calquées sur le modèle économique de la célèbre Zone économique à régime privilégié (ZERP) de Nkok à Lambaréné, dans la province du Moyen-Ogooué et à Franceville, dans la province du Haut-Ogooué. Les enjeux, booster la contribution forestière au PIB et servir un tant soit peu de rempart contre le chômage qui frappe de nombreux jeunes. « Ces deux projets vont être lancés cette année », confirmait Professeur Lee White.
Ces deux projets seront toutefois suppléés par un notre grand projet : la création d’une grande plantation de bois. « On veut combiner le bois qui sort des plantations, avec le bois de la forêt naturelle. Nous pensons que ce n’est que de cette manière que nous pourrons mieux valoriser notre forêt », expliquait le ministre des Eaux et Forêts. Au regard des ambitions affichées, il y a un désir pour le Gabon d’être à la fois conciliant avec ses ambitions de développement mais également avec ses ambitions écologiques qui exigent une exploitation rationnelle de la forêt à des fins purement économiques. « Si on veut créer assez d’emplois, si on veut que la forêt génère assez d’argent pour notre économie, il faut basculer vers la troisième transformation… Il y a un besoin de renouvellement, un besoins d’investir dans la forêt pour bien gérer cette ressource ».
Ces ambitions peuvent tenir. En effet, le Gabon dispose d’un vaste couvert forestier estimé à 88% de sa superficie totale. Seul quelques hectares de ce couvert est réellement exploité pour servir les ambitions économiques et sociales. De plus, l’idée de création d’une plantation de bois pour accompagner les projets économiques tel qu’annoncée devrait permettre de minimiser l’impact de l’exploitation des ressources forestières (bois) à des fins économiques sur l’équilibre écologique des forêts locales. «
On veut combiner le bois qui sort des plantations, avec le bois de la forêt naturel », c’est ce qu’affirmait plus haut, le Pr. Lee White. Problème, entre le temps de planting de cette plantation et l’arrivée à maturité des bois issus de ce reboisement programmé, des dizaines d’années vont s’écouler. Des années durant lesquelles, les différentes forêts primaires serviront de réservoir d’alimentation de bois à ces deux nouvelles zones. Il est vrai que les ressources de bois issues de cette plantation pourraient à la longue venir compenser l’exploitation de bois mené auparavant, mais rien ne dit que le projet de plantation sera mené à terme, au regard du dynamisme des échecs qui entourent le plus souvent de nombreux projets au Gabon, que ce soit dans l’environnement ou autre. Alors que le Gabon cherche toujours son émergence économique, ce projet pose le problème d’adéquation entre les engagements du pays en matière de conservation de sa forêt et ses ambitions purement économique.
Michaël Moukouangui Moukala