La conservation constitue l’un des défis majeurs face à la problématique des changements climatiques à travers le monde. Pour Marc Ona Essangui, Secrétaire exécutif de Brainforest, si le Gabon peut se prévaloir du leadership sur cette question, trop de lenteurs, à l’exemple du problème d’accès à « l’information publique » pose encore problème pour bien implémenter les politiques d’aménagement.
« La conservation ne se limite pas à la protection de la nature et des ressources naturelles renouvelables. » C’est le message fort envoyé par Marc Ona Essangui à l’endroit des dirigeants gabonais dont le ministère des Eaux et Forêts à l’occasion de l’événement organisé le 21 juillet au Radisson Blu de Libreville par Chatham House sur la transition juste en Afrique. Pour le membre de la société civile gabonaise, cette question s’étend à la prise en compte des besoins élémentaires des populations dont rurales, à une meilleure répartition du territoire et au suivi écologique des espèces qui composent ce territoire.
Si ce schéma semble le plus viable et résilient possible, il n’est pas toujours appliqué au Gabon et cela pose problème dans l’implémentation des politiques de préservation de l’environnement avec pour prisme, une dislocation du lien entre « conservation, résilience rurale et création d’emplois ». Et sans données, estime le membre de la société civile, impossible d’établir ce lien. « Si nous voulons parvenir à des aménagements adéquats et à une gestion durable des ressources naturelles, nous devons avoir une bonne connaissance des milieux naturels, des processus qui s’y déroulent et des prévisions d’évolution de l’environnement socio-économique », va faire remarquer Marc Ona Essangui.
Alors que le Gabon accuse un retard sur cette question, pour lui, les cas de conflit vécu en 2021 à Mekambo et Mayumba dans les provinces de l’Ogooué-Ivindo et dans celle de la Nyanga, en périphérie des parcs nationaux de Mwagna et Mayumba rappellent la nécessité de trouver le juste milieu entre les besoins de préservation de la nature et le maintien des droits des populations rurales. « En se révoltant, ces populations lançaient un cri du cœur en direction des autorités. Elles se prononçaient pour une meilleure prise en compte de leurs droits et intérêts dans la gestion des ressources naturelles », faisait savoir Marc Ona Essangui.
Pour le Secrétaire exécutif de Brainforest, pour prévenir ce genre d’incident, le Gabon doit disposer d’une base de données, d’une méta-base de données, consultables par tous, particulièrement par les communautés locales. « Il nous faut, fait-il remarquer, tous ensemble, réfléchir à l’effectivité des droits des communautés locales, principalement les droits procéduraux tels que définis par la Convention d’Aarhus : droit d’accès à l’information, droit de participation au processus décisionnel et droit d’accès à la justice ».
Car conclu-t-il, « l’information publique circule peu et mal, sa diffusion étant soumise au pouvoir discrétionnaire de l’administration, qui tombe trop souvent dans la propagande ou l’instrumentalisation politicienne de la cause environnementale. » Ce qui entrave le combat pour la préservation de la biodiversité.
Séraphin Lame