Invité de la Local Conference of the Youth (LCOY) qui s’est tenue il y a quelques jours à la Baie des Rois à Libreville, Fabrice Ntchango, Administrateur général de la plateforme Akewa Accélérateur, par ailleurs Coordonnateur national de l’Alliance panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA), du haut de son expérience sur la question de l’implication des jeunes dans la lutte contre les changements climatiques et le développement durable invite les autorités gabonaises à mettre en place des mécanismes juridiques qui encadrent l’action des jeunes sur ces volets.
En Afrique, s’il y a une prise de conscience généralisée sur la question de la lutte contre les changements climatiques et le développement durable, les jeunes sont les moins gagnants de ce combat. Manque de soutien financier pour accompagner leur engagement, absence lors des grands rendez-vous et absence de corpus juridique capable d’encadrer leurs actions sur le terrain, sont autant des maux qui font défaut lorsqu’on évoque la question de l’implication des jeunes sur ces questions. Si 70% de la population du continent a moins de 30 ans, le continent est la région la plus vulnérable au monde aux effets néfastes des changements climatiques, à la dégradation de l’environnement et aux catastrophes naturelles. Pire, en 2020, prévoyait l’UNESCO, seulement 42% des Contributions déterminées au niveau national (CDN) faisaient référence aux affects ou combats des jeunes pour les jeunes climatiques.
Le Gabon, un cas d’école
Le Gabon, qui fait partie de ce moule, n’est pas à l’abri des reproches. Le pays qui compte 60% des jeunes accumule les mêmes inégalités de considération de l’action des jeunes. L’inexistence d’un fonds dédié à l’action de la jeunesse sur la question du climat et le manque d’un corpus juridique devant encadrer les actions de la jeunesse sur cette question spécifique font encore défaut et salissent le tableau du Gabon. Deux ans, mois pour mois, après la marche menée en août 2022 à Libreville en faveur de la justice climatique, le plaidoyer mené à cette époque par les jeunes venus de part et d’autres du continent manque encore d’écho. « Nous sommes en train de voir qu’aujourd’hui, la jeunesse gabonaise est en train de s’organiser pour continuer à faire ce plaidoyer, parce que malheureusement on n’a pas encore compris l’intérêt d’avoir un fonds climat jeunesse pour pouvoir soutenir les actions d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques », regrette Fabrice Ntchango qui constate que pendant ce temps, les écosystèmes continuent d’être fragilisés par l’action de l’homme sur la nature. « Lorsqu’on regarde les côtes africaines, elles continuent d’être dégradées. Il en est de même de nos villes, notamment la capitale Libreville qui est encore très insalubre et du couvert forestier qui s’est considérablement dégradé par les forestiers », fait-il constater. Pour lui, il y a intérêt et nécessité d’avoir ce fonds climat pour pouvoir soutenir les apports d’adaptation portés par la jeunesse.
Le vœu de Ntchango
Que l’on soit au niveau continental ou national, les jeunes se battent pour lutter contre les changements climatiques, la perte de la biodiversité et la pollution plastique qui affectent les Etats du continent. Cet engagement manque cependant d’encadrement. C’est le cas de le dire, puisque dans de nombreux pays du continent, au Gabon en particulier, peu de lois encadrent l’action de la jeunesse. En effet, outre la question des fonds évoquée plus haut, la question de la formalisation juridique de l’engagement des jeunes au niveau de notre corpus juridique ne fait l’objet d’aucune attention. Regrettant ce faux pas, Fabrice Ntchango regrette même que cette question n’ait pas été évoquée lors du Dialogue National Inclusif (DNI) qui s’est tenu au Gabon il y a quelques mois. « Je pense que l’on n’a raté une occasion lors du dialogue national inclusif qui vient de se tenir de pouvoir réellement impliquer les jeunes engagés sur les changements climatiques ou leur représentant. Parce que, lorsqu’on regarde, il n’y a pas des mesures dans notre corpus juridique qui prennent en compte l’implication des jeunes sur les questions écologiques ou de développement durable », fait savoir notre interlocuteur. Pour lui, les événements tels que la LCOY sont un tremplin pour répondre à ce type de préoccupation.
Michael Moukouangui Moukala