L’Afrique a besoin de ses forêts pour faire face à la crise de l’eau qui ne cesse de s’aggraver.
Comme le dit le proverbe ougandais, “on connaît l’utilité d’un puits lorsqu’il s’assèche”. Les puits africains s’assèchent et la crise de l’eau devrait devenir une catastrophe d’ici 2025. Sur l’ensemble du continent, de nombreuses villes et villages connaissent de graves pénuries d’eau. Cela n’a jamais été aussi évident qu’en 2018, lorsque le monde a vu la ville du Cap s’approcher de manière effrayante du Jour Zéro, le point à partir duquel la ville manquerait d’eau.
Selon un rapport des Nations unies pour 2021, les changements climatiques, les sécheresses prolongées et les précipitations irrégulières ont perturbé les cycles de l’eau, laissant quelque 500 millions de personnes dans 19 pays africains vulnérables à l’insécurité de l’eau.
À mesure que le climat change et que la population du continent augmente, la pression sur les ressources en eau de l’Afrique va s’accroître. L’évolution du climat influe sur la régulation des flux d’eau et des précipitations et modifie les paysages et les écosystèmes.
Les forêts pour lutter contre les menaces qui pèsent sur l’eau
Alors que nous célébrons la Journée internationale des forêts le 21 mars et la Journée mondiale de l’eau le lendemain (22 mars), il nous est rappelé avec force que pour faire face à cette menace, l’Afrique a besoin de ses forêts.
De nombreuses villes africaines dépendent de bassins versants boisés pour leur approvisionnement en eau. Les forêts sont des systèmes naturels de filtration de l’eau qui réduisent l’érosion des sols, la sédimentation et les polluants. Les forêts africaines ont montré qu’elles peuvent également jouer un rôle de plus en plus important dans la lutte contre le changement climatique si elles sont gérées de manière responsable.
Comme on le voit dans de nombreuses forêts certifiées par le Forest Stewardship Council® (FSC®), les forêts gérées de manière responsable contribuent à réduire l’érosion des sols, à restaurer les bassins versants, ainsi qu’à restaurer et à réhabiliter les zones sujettes à la dégradation des sols.
Grâce aux normes rigoureuses du FSC, les gestionnaires forestiers certifiés améliorent, préservent et protègent continuellement les paysages forestiers et leur biodiversité.
Aider les gestionnaires forestiers à mesurer et à améliorer les forêts
En 2018, le FSC a introduit une procédure pour mesurer, démontrer et communiquer les impacts positifs d’une gestion responsable des forêts, la procédure des services écosystémiques. Les services écosystémiques sont des avantages que les humains reçoivent de la nature, notamment des flux d’eau propre fiables, des sols productifs, la conservation de la biodiversité et la séquestration du carbone.
Cette solution encourage les gestionnaires forestiers à développer, mesurer et démontrer comment ils améliorent les environnements forestiers qu’ils gèrent de manière responsable. La solution se concentre sur l’évaluation des impacts de la gestion forestière sur la séquestration et le stockage du carbone, la conservation de la biodiversité, les services des eaux, la conservation des sols et les services récréatifs. Pour plus d’informations sur les services écosystémiques du FSC : https://fsc.org/en/ecosystem-services-for-forest-managers
Depuis son lancement, la solution a aidé des Concessions Forestières sous Aménagements Durable (CFAD) certifiées FSC en Afrique du Sud et en Namibie à documenter et à démontrer l’impact de leur travail sur les écosystèmes forestiers. Des évaluations sont en cours au Cameroun, en République du Congo et au Gabon.
Selon des audits indépendants, le modèle est plutôt bénéfique pour les bassins versants.
En Afrique du Sud, le long des rives de la rivière Breed (Western Cape) et à Matatiele (Eastern Cape), 96 hectares de terres dégradées ont été ramenés à des conditions plus naturelles, et 501 600 m3 d’eau ont été restitués aux bassins versants dans ces unités de gestion forestière vérifiées par an.
Le partenariat est essentiel
Pour lutter contre la crise de l’eau, le partenariat est essentiel. Aucune partie prenante ni aucun partenaire ne peut à lui seul réaliser à grande échelle la restauration et la protection des paysages forestiers et des ressources en eau, suffisamment pour éradiquer la crise de l’eau qui sévit en Afrique.
Au FSC, nous travaillons avec les gestionnaires des forêts et les parties prenantes engagées pour favoriser les partenariats qui promeuvent la protection des écosystèmes. Car, comme on le dit en Afrique du Sud, “une rivière est profonde à cause de sa source”.
Docteur Peter Alele, Directeur du FSC Afrique