Face à la recrudescence de l’insalubrité dans le Grand-Libreville, la capitale du Gabon, pays présenté comme un modèle en matière de préservation de la biodiversité et de la lutte contre les changements climatiques, les autorités municipales et l’entreprise Clean Africa optent pour la réhabilitation.
Libreville est un foutoir urbain. Ce n’est pas exagéré que de le dire. De part et d’autre, la capitale gabonaise est prise en étau par l’insalubrité due à l’incivisme de ses habitants et à l’inefficacité de l’action publique. Ici, les garages sont créés de manière tous-azimuts déversant leurs huiles à même les voies principales, là-bas, les populations ou riverains se foutent complètement de la salubrité, jetant et déversant eux-aussi, leurs ordures et eaux usées à même la voie publique. C’est une véritable jungle urbaine où tout le monde ou presque n’a que faire de l’ordre, de la salubrité et du bon sens.
Conséquence, les rues sont insalubres, non accueillantes, malpropres et envahies d’ordures. Les canalisations transformées fosse-septique à ciel ouvert. La crasse des rues et la puanteur de celles-ci déshonneur l’image de Libreville, celle considérée par l’ancien régime comme une « ville belle et attrayante ». La faute, certainement au manque d’un cadre réglementaire capable de canaliser les comportements, de socialiser les habitants de Libreville et de les montrer ce qui est tolérable de ce qui ne l’est pas. Un peu comme dans les grandes métropoles européennes où les rues respirent la fraîcheur d’une civilisation réussie. Un peu comme aussi là à côté, en Guinée-Equatoriale voisine, où dit-on, la peur de jeter un conditionnement après l’usage d’un produit anime souvent les gabonais qui se sont déjà aventurés.
Avec son programme de « Restauration de l’ordre urbain » lancé il y a quelque temps, le Délégué Spécial Chargé de la gestion de la Commune de Libreville, le Général de Brigade Jude Ibrahim Rapontchombo, veut prendre le Toro par les cornes et restaurer le visage de Libreville, défigurer par l’incivisme. Depuis quelque temps, les garages anarchiques qui polluent la ville et les marchés improvisés via les grands carrefours des artères de la capitale gabonaise sont visités à des fins de rétablir l’ordre public. A travers cette démarche, la mairie de Libreville prône « les bons gestes » en appelant tout le monde à l’unisson, afin de lutter contre l’insalubrité et les comportements déviants.
Ce qui explique par exemple que désormais, il est interdit de jeter les ordures après 21 heures ou avant 18 heures. La Mairie, qui semble vouloir éduquer pour mieux agir, doit cependant redoubler d’effort en accentuant la sensibilisation et en gonflant les moyens de sa politique.
Par ailleurs, si de nombreuses lois autorisent la mairie de Libreville à agir, il faut également que l’action de cette entité, comme celle de Clean Africa, son partenaire direct, soit soutenue par une batterie juridique plus solide qui contraint sérieusement les populations à changer de comportement et de mentalité. Tenez par exemple, l’instauration des amendes pour les manquements à la salubrité publique pourrait être un excellent moyen de dissuasion face à l’incivisme des populations. Cela est d’autant plus important qu’en matière d’insalubrité, le Gabon a de gros efforts à fournir.
Michael Moukouangui Moukala