Au Gabon, de nombreuses personnes ont été victimes des inondations ces dernières années. Si cette situation ne date pas d’aujourd’hui et n’est pas propre à ce pays, elle est cependant liée au bouleversement de l’écosystème naturel.
Incontestablement, 2019 et 2020 auront été les années durant lesquelles le phénomène d’inondation s’est le plus fait ressentir au Gabon. Au moins quatre des neuf provinces que compte le pays ont été touchées par ce phénomène. Si on peut reconnaître par le passé, l’existence des quartiers et des populations victimes des eaux du fait de leur emplacement géographique, jamais le phénomène ne s’est abattu de manière si brutale dans les grandes villes du pays.
Souvenons-nous en effet des sinistrés de Lambaréné et de Ndjolé, dans la province du Moyen-Ogooué, de ceux de Mouila, dans la province de la Ngounié et de ceux de Franceville, dans la province du Haut-Ogooué. Sans omettre ceux de Libreville et ses environs dont : Libreville, Akanda et Ntoum. Ces sinistres portaient l’empreinte du débordement du lit des rivières, suite à des fortes pluies qui ont inondé les quartiers situés dans des cuvettes. Du jamais vu au Gabon, quand bien même cette catégorie de catastrophes est très répandue dans d’autres pays.
L’urbanisation anarchique en zone inondable, l’augmentation des régimes de précipitation dans le contexte du changement climatique et la problématique d’évacuation des eaux dans les grandes villes gabonaises sont les facteurs explicatifs de cette décadence. Pour Patrick de Bellefeuille, expert en changements climatiques, l’augmentation croissante de la population n’est pas en marge de ces facteurs.
En novembre 2019, la volonté exprimée par le président de la République, Ali Bongo Ondimba de traiter ce problème à sa « racine » permet de mieux mesurer la gravité des inondations au Gabon. Malgré un semblant d’accalmie, ces facteurs n’ont pas dit leur dernier mot. La modification des milieux naturels par l’Homme au profit des industries va pousser les sinistres à leur paroxysme.
D’ici 2030 selon une étude du World Resources Institute (WRI), le nombre des personnes qui seront affectées par des inondations doublera. Les populations gabonaises bien que minimalement exposées à ce phénomène n’y échapperont certainement pas. D’une part, parce que le Gabon est situé en zone humide. D’autre part, parce que le problème des inondations des villes devient un problème planétaire, suite à la modification des milieux naturels. Pour bien comprendre ce qui nous attend, servons-nous des désastres de fin 2019 et début 2020. Cette catégorie de catastrophe va forcément récidiver.
Séraphin Lame