Représenté par l’Agence d’exécution des Activités de la Filière Forêt-Bois (AEAFFB) et la direction générale des Forêts (DGF), le Gabon a pris part du 24 au 25 mai à Kinshasa en RDC, à l’atelier bilatérale inter agences organisé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) sur l’intégration de la prévention et la lutte contre la corruption dans le secteur forestier. Une participation qui a permis à la RDC de s’imprégner du modèle gabonais en matière de gouvernance forestière.
Discuter des bonnes pratiques en matière de promotion de la transparence et de la bonne gouvernance dans le secteur forestier, ainsi que les tendances régionales et les points communs dans les pratiques qui peuvent favoriser les crimes dans le secteur, y compris la corruption était l’objectif de l’atelier de Kinshasa. Organisé par l’ONUDC ; l’atelier a été l’occasion durant deux jours, entre la RDC et le Gabon de renforcer la coopération inter-agence, afin de soutenir l’intensification des efforts des autorités des deux pays chargées des forêts et agences ayant prérogative de prévenir et lutter contre la corruption et le blanchiment des capitaux.
Forts des outils et mécanismes tels que l’E-gouvernement, le Système National de Traçabilité du Bois du Gabon (SNTBG), la généralisation de la certification (FSC/PAFC), le développement des Zones économiques Spéciales et la Cour Criminelle Spéciale mis en place par le Gabon pour mieux contrôler et suivre son secteur forestier depuis plusieurs années, l’expérience du Gabon a été plus que bénéfique pour la RDC. Logés dans le même bloc forestier du Bassin du Congo Ogooué, les deux pays affichent en effet les mêmes ambitions en ce qui concerne la gouvernance forestière avec cependant une emprise sur le renforcement du cadre institutionnel, et des politiques de conservation et valorisation tournées vers la durabilité.
« Au niveau du bassin du Congo, l’exploitation de nos ressources forestières ne profite pas suffisamment à nos populations. Ni à la RDC, ni aux autres pays qui partagent la grande forêt équatoriale. C’est dans ce sens qu’avec nos homologues du Gabon avec l’appui de l’ONUDC, nous avons décidé de travailler ensemble, afin de voir dans quelle mesure assurer une meilleure gestion de nos forêts, de sorte à lutter contre la corruption dans le secteur forestier », a fait savoir Thierry Mbulamoko, Coordonnateur de l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption.
Immense forêt s’étendant sur une superficie de 286 millions d’hectares, la région forestière est aujourd’hui confrontée à des dégradations et des opérations de déforestation dues à l’extension des terres agricoles, aux besoins des populations locales en bois de chauffe et de construction, à l’exploitation minière, ainsi qu’au commerce illégal du bois. Chaque année, ce sont des milliards de dollars qui sont perdus dans la région en raison des activités forestières illégales. L’atelier offre à cet effet un cadre de réflexion approprié pour mieux prévenir ces maux, notamment en RDC.
« Le fléau de la corruption traîne depuis plusieurs années dans le secteur forestier. Il est important de mener des actions de lutte efficace avec des acteurs gouvernementaux ou civils pour améliorer la lisibilité sur la fiscalité forestière. Car il s’agit d’un secteur qui contribue énormément à l’emploi mais dont on a difficilement le captage de sa contribution financière dans le PIB de nos États. Le Gabon apporte son expérience de 15 ans de lutte contre la corruption dans ce secteur », a déclaré David Ingueza, directeur général de l’AEAFFB.
Il faut souligner que cette rencontre s’inscrit dans le cadre du suivi du projet de Déclaration de Dar es Salam, développé après l’Atelier Régional sur la bonne gouvernance dans le secteur forestier en octobre 2022 qui a permis aux États membres de la CAE, ainsi que des pays voisins de la République du Congo, du Gabon, du Malawi et du Mozambique, de discuter des bonnes pratiques en matière de promotion de la transparence et de la bonne gouvernance dans le secteur forestier, ainsi que les tendances régionales et les points communs dans les pratiques qui peuvent favoriser les crimes dans le secteur, y compris la corruption.
Michaël Moukouangui Moukala