Décision du dernier Conseil des ministres, le Kevazingo est à nouveau exploitable au Gabon. Cette mesure qui intervient environ six ans après son adoption, vise selon le ministère des Eaux et Forêts à instaurer un cadre réglementaire plus strict pour l’exploitation de ce bois précieux.
Par cette décision, le Gouvernement de la Transition veut instaurer un cadre réglementaire plus strict, limiter l’exploitation de l’essence à des concessions aménagées de manière durable et renforcer la traçabilité de l’essence grâce au nouveau Système de géo référencement. Cela dit, désormais, il faudra être détenteur d’un permis CITES pour exploiter des produits finis liés au Kevazingo.
« En favorisant la transformation locale, le décret stimule le développement économique des régions forestières et crée de nouvelles opportunités d’emploi. Il contribue ainsi à la gestion durable des forêts gabonaises et la protection de la biodiversité », peut-on lire dans le communiqué final du Conseil des ministres.
Avant l’interdiction de son exploitation à « titre conservatoire » au Gabon, le Kevazingo, essence classée précieuse, était l’objet de tous les fantasmes de la part des exploitants, notamment asiatiques. Malgré l’interdiction en cours depuis 2018, 10 conteneurs contenant du Kevazingo ont été découverts en novembre 2023 en zone périphérique de Libreville. « Un certain nombre de bois, a priori non déclarés, se retrouvent sur ce site. Une enquête sera menée par les autorités compétentes en vue de faire la lumière sur ces faits » avait constaté le Gén. Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts.
C’est dire que malgré l’interdiction, l’exploitation de l’essence continuait en catimini au Gabon. La récente mesure à ceci de particulier qu’elle lève le tabou autour de l’exploitation de cette essence et invite les exploitants à se responsabiliser. « Si le Gouvernement est revenu sur sa décision, c’est que des garde-fous ont été mis en place pour exploiter cette essence de manière responsable », estime le Professeur Nestor Ongone Obiang, directeur de l’herbier national (Cenarest).
Pour mieux préserver cette essence et asseoir cette mesure, le Professeur propose d’entreprendre la politique de reboisement au niveau national, de renforcer la mise en place des plans d’aménagement et de renforcer la certification forestière. Toutes ces mesures visent d’après lui, à assurer la pérennité de l’espèce pour que les générations futures en profitent. « Les pratiques que nous mettons en place aujourd’hui ne nous concernent pas directement. C’est pour les générations futures », ajoute le Professeur.
Si le Gabon compte trois espèces de Kevazingo (Guibourtia demeusei, Guibourtia pellegriniana et Guibourtia tessmannii) inscrites à l’Annexe II de la CITES, l’essence qui met environ 100 ans pour se régénérer est assez brisé pour la solidité de son bois. Face à ce temps de régénération, la gestion durable de cette essence est plus que primordiale dans un contexte de relance de son exploitation.
Michael Moukouangui Moukala