Avec 11,5% des flux financiers internationaux perçu au cours de la période de 2008 et 2017 pour la protection et la gestion durable des forêts tropicales, le bassin du Congo reste de loin, la région forestière la moins nantis comparativement à l’Asie du Sud-Est (55%) et la région amazonienne (34%). Un écart qui compromet les politiques de conservation de la biodiversité et exacerbe les changements climatiques.
Deuxième poumon vert de la planète, le bassin du Congo revêt ces dernières années, une importance capitale du fait de son rôle dans la régulation du climat. Gouvernement, bailleurs de fonds, société civile, scientifiques et autres s’activent tous pour préserver cette forêt dont dépend la survie de l’humanité. Ce regain est d’autant plus justifié que la valeur des services de séquestration du carbone fournis par la région est estimée au moins à 55 milliards de dollars ans, soit 36% du PIB de la région en 2021.
Cette valeur financière en fait de la région, le plus grand puits net de carbone au monde, jouant un rôle déterminant dans l’atténuation des effets du changement climatique. Son absorption annuelle nette de dioxyde de carbone est en effet six fois supérieure à celle de la forêt amazonienne. En soutien à la gestion de ce réservoir de carbone, des mécanismes de financement, comme les crédits carbone, Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation (REDD+), Central African Forest Initiative (CAFI) et autres ont été mis en place. Par exemple, dans le cadre de ces mécanismes, en soutien à son rôle joué dans la lutte contre la déforestation, le Gabon s’est vu accorder en 2021 un premier paiement de 17 millions de dollars. Ces financements ont permis de soutenir les politiques d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques.
Et pourtant, en dépit de ces efforts, la région est assez marginalisée en ce qui concerne l’accès aux financements dédiés à la lutte contre les changements climatiques. Entre 2008 et 2017, le bassin du Congo n’a reçu en effet que 11,5 % des flux financiers internationaux destinés à la protection et à la gestion durable des forêts tropicales, contre 55 % pour l’Asie du Sud-Est et 34 % pour la région amazonienne. Cette faible part a été renforcée en 2021 avec une nouvelle fraction des fonds mondiaux dédiés à la protection des forêts tropicales, compliquant ainsi la mise en place de programmes de conservation à grande échelle.
Cette disparité est renforcée les crispations dans la région, alors que son développement est compromis pour laisser place à la protection de l’environnement. Ce que ne manque pas de faire remarquer les décideurs politiques lorsque l’occasion leur est donnée lors des grandes rencontres internationales sur l’environnement telles que la COP.
Michael Moukouangui Moukala