A la faveur d’un remaniement ministériel survenu hier, mercredi 17 janvier 2024, le ministère des Eaux et Forêts jadis chargé de l’Environnement, du Climat et du Conflit Homme-Faune (CHF) a été éclaté en deux ministères distincts. Le but inavoué de cette manœuvre, offrir une sorte de renfort au Général Maurice Ntossui Allogo et tonifier la stratégie écologique du Gabon.
Au Gabon, le Général Maurice Ntossui Allogo ne gère plus l’Environnement, le Climat et la question du Conflit Homme-Faune (CHF). A la faveur d’un remaniement ministériel survenu hier, mercredi 17 janvier 2024, son département a été scindé en deux. L’un chargé de l’Environnement, du Climat et du Conflit Homme-Faune (CHF), géré par Arcadie Svetlana Minguengui Ndomba épse. Nzoma et l’autre chargé des Eaux et Forêts dont il garde la pleine gestion.
Peu connue des gabonais, la nouvelle ministre est une énarque de la 33e promotion de l’Ecole nationale d’administration (ENA). Elle est spécialisée en Administration scolaire et universitaire. Juriste à la base, elle est également titulaire d’un Master spécialisé en management d’Administration Publique obtenu à MDIS de Singapour. Après être tour à tour passée par Citibank en qualité de conseillère juridique, puis au Secrétariat Général du ministère de l’Enseignement Supérieur comme Chargée d’Etudes dans le suivi des dossiers techniques des agents, elle est par ailleurs Co-Fondatrice de la PME 3D Afrique-Gabon spécialisée en ingénierie, conseils, formations, accompagnement et assistance, dans les domaines du Génie sanitaire, gestion des projets, gestion QHSE et RH. En 2019, elle faisait partie des « 50 femmes entrepreneurs qui montrent que c’est possible ». Au ministère des Eaux et Forêts, si certains la savent très connecté sur les questions de l’environnement, son arrivée fait naître de nombreux défis et une forme de cohabitation « mal réfléchi », dont l’objectif est de « dépouiller le Général » de certaines de ces prérogatives. L’éclatement fait débat au ministère.
Au-delà de toutes considérations, le nouveau ministère doit sa naissance au décret n°00182 /PR/MEFMEPCPAT du 12/07/2021 portant réorganisation de la direction générale de l’environnement et de la protection de la nature. Selon l’Article 3 de ce décret, « la Direction Générale de l’Environnement et de la Protection de la Nature assure la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière d’environnement, de protection de la nature et de cadre de vie. » Les portefeuilles de l’Environnement, du Climat et du CHF nouvellement attribués à Arcadie Svetlana Minguengui Ndomba épse. Nzoma étaient une thématique de la direction générale de la Faune et des Aires protégées. Un des quatre démembrements du ministère des Eaux et Forêts. Pour éviter le chevauchement des missions, apprend-on, deux possibilités s’offrent au nouveau département : soit créer une direction générale chargée du CHF, puisque toutes les prérogatives devant rester au ministère des Eaux et Forêts, car celui-ci étant un ministère composite. Soit, si le nouveau ministère capte ces prérogatives, créer la commission nationale de la gestion du CHF ou créer la direction générale chargée du CHF avec trois sous-directions.
Si cette nouvelle configuration pourrait poser un défis d’adaptation, au regard des missions dévolues à chaque ministère, elle offre cependant au Gabon une « planche de salut » pour mieux capter les financements à l’international. En effet, explique une source proche du ministère, « l’éclatement du ministère des Eaux et Forêts, chargé de la préservation de l’Environnement, du Climat et du Climat du CHF ne pose pas un problème sur le positionnement du Gabon à l’international. En dédiant un ministère entier à l’environnement, le Gabon s’offre plus de possibilités pour capter les financements en matière de préservation de l’environnement ». Autres enjeux, le fait que le nouveau ministère ouvre la voie à de nouvelles possibilités de recrutement au sein de la Fonction publique, eu égard à la politique prônée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institution (CTRI). Le seul couac, selon la même source, réside dans le chevauchement des missions susceptibles d’exister avec le Haut-Commissariat à l’Environnement et au Cadre de vie (HCECV).
Malgré ces défis, cet éclatement à ceci de particulier qu’il permet au Gabon de tonifier sa stratégie de préservation de l’Environnement et de lutte contre les changements climatiques avec pour priorité principale de placer l’homme au centre de ses préoccupations d’adaptation environnementale et climatique. Ce qui se lit dans la volonté du Gouvernement à trouver des solutions idoines pour lutter efficacement contre la question du Conflit Homme-Faune. Il s’agit là d’une stratégie inversée, en comparaison de ce qui se faisait avant, du temps de l’ancien régime où le principe était « la Faune et la Flore avant, les hommes après ».
Michael Moukouangui Moukala