Ouvert le 29 juin dernier, le Comité de pilotage régional du programme régional Ecofac6 a clôturé ses travaux le 1er juillet au Radisson Blu de Libreville. Si les échanges ont permis durant trois jours de regarder dans le rétroviseur, le cheminement de ce programme dans sa phase 6, ils ont surtout permis d’apprécier les « contributions pertinentes » des parties prenantes.
Lancé en 2017 à Yaoundé au Cameroun, à l’issu de la signature entre la Commission européenne et l’ancien Secrétariat général de la Communauté des économiques des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) d’une convention de financement d’un montant de 80,5 millions d’euros avec un cofinancement d’environ 17 millions d’euros de la part des partenaires de mise en œuvre, le programme Ecofac dans sa 6e configuration a réunis à Libreville les Experts pour son troisième et dernier comité de pilotage.
Durant les cinq années de déploiement de ce programme au sein de la sous-région Afrique centrale, 30 contrats ont été signés. Ce qui a requis, « un engagement politique et une organisation forte de la part de la CEEAC et des Etats concernés aux côtés de l’Union européenne ». « Je ne répèterai jamais assez toute la pertinence de ce soutien, dans une zone du Bassin du Congo où la préservation de la nature est au cœur de la régulation du climat et qui rend les services écosystémiques essentiels à l’homme », faisait remarquer Cesaltina Bastos, Chef d’Equipe coopération à l’Union européenne au Gabon, pour Sao Tomé-et-Principe et la CEEAC lors du lancement.
C’est dire que le programme a joué un rôle prépondérant dans l’architecture d’un système de préservation de la biodiversité au niveau sous-régional. Grâce à son déploiement, alors que la tenue de ce comité de pilotage régional du programme régional correspond avec la préservation de la biodiversité dans 16 aires protégées, des stratégies et approches public-privées et le financement durable des actions de préservation ou de prise en compte des aspects de la problématique des droits de l’homme ont été adoptées. C’est le même regard qui est porté sur le programme global Ecofac, qui revendique 30 ans de vie dans le soutien aux politiques de de conservation et préservation de la nature en Afrique Centrale.
« Pérennisation des acquis »
Ecofac6 est une émanation de la nouvelle vision de la CEEAC orientée vers la mise en place d’un système de l’économie verte en Afrique centrale, caractérisée par un développement économique endogène, durable, inclusif et tourné vers la lutte contre les changements climatiques. A Libreville au Gabon, la tenue de ce dernier Comité de pilotage présidé par le Dr. Honoré Tabuna, Commissaire du département Environnement, ressources naturelles, Agricultures et développement rural de la CEEAC a à ce titre, été l’occasion d’« apprécier l’ensemble des progrès réalisés par les différentes actions dans les différents pays ».
Il a en effet, permis d’analyser les recommandations des comités nationaux de suivi, les résultats de l’évaluation à mi-parcours, les résultats des travaux de suivi-évaluation et de capitalisation portés par l’Assistance Technique Régionale (ATR) afin de servir de repère à la nouvelle initiative Natur’Africa qui prendra le relais d’Ecofac. Le bilan des trois journées d’échange dresse des perspectives encourageantes qui intègrent la « responsabilité » des acteurs dans la formulation des conclusions et recommandations basées, elles, sur la « capitalisation » des cinq dernières années.
Sans ambages, même si des points d’ombre subsistent, le bilan global laisse transparaître des « progrès » significatifs qui permettent de consolider les « acquis ». C’est d’ailleurs peut-être la reconnaissance de ces progrès par l’Union européenne qui motive l’intégration de la région Afrique Centrale dans la nouvelle vision verte globale continentale de l’organisme européen. En effet, a fait savoir le Dr. Honoré Tabuna, « les résultats obtenus sont destinés à enrichir la réflexion régionale dans la poursuite de l’accélération de la l’opérationnalisation du système de l’économie verte en générale et le système de l’économie des aires protégées et celle de l’économie des territoires ou paysages transfrontaliers de l’Afrique centrale en particulier »
La CEEAC et l’UE face aux nouveaux défis
Il faut le dire, la tenue de ce comité était à plus d’un titre important pour les deux partenaires que sont les Commissions de la CEEAC et de l’UE. En effet, si le programme Ecofac6 qui va s’achever dans un an a permis de poser les bases du développement et de la promotion de l’économie des aires protégées au sein de la sous-région, d’autres défis ont cependant depuis émergé. Parmi lesquels, « la pertinence d’une approche paysage et de l’aménagement du territoire, l’importance d’assurer une meilleur communication et de redevabilité entre les opérateurs privés et les Etats, le besoin de diffuser des approches adaptées comme l’approche TANGO dans les zones de transhumance, le besoin de poursuivre l’appui à la formation, le besoin de donner plus de force au plaidoyer sur le statut des écogardes… ».
En effet, a fait remarquer Joël Félicien Bodinga, le Secrétaire général adjoint du ministère des Eaux et Forêts lors de la clôture du Comité technique régional du programme, « depuis 1992, date du lancement de ce programme qui deviendra le plus important de la commission européenne, les problématiques ont évolué, les acteurs se sont diversifiés, les territoires de conservation se sont étendus, les problématiques sont devenus plus complexes ». 30 ans après, si des vastes défis demeurent, il reste désormais aux hautes autorités de la sous-région d’examiner avec soin, « les options de pérennisation des acquis » explorés par les experts venus d’horizon différents de la sous-région. Ce travail devrait débuter dès ce lundi 4 juillet au même lieu du Radisson Blu avec le Comité de pilotage-Segment politique consacré au programme.
Michaël Moukouangui Moukala