Alors que le programme d’appui à la préservation de la biodiversité et des écosystèmes fragiles d’Afrique centrale (Ecofac) a célébré le 6 juillet dernier, les 30 ans de son déploiement dans la sous-région, l’Union européenne (UE) revendique un financement de plus de 163 milliards de francs CFA au titre des fonds alloués durant ces 30 ans du programme.
Ecofac s’en est fini ! Plus que quelques mois et une nouvelle initiative va faire son apparition, alors que le programme a atteint sa maturité après 30 ans de déploiement pour la préservation de la biodiversité en Afrique Centrale. Le 6 juillet dernier a été à ce titre un moment décisif, suite à la célébration du 30e anniversaire de ce programme. D’une part, parce que les « réflexions » organisées à l’occasion de ce trentenaire ont permis de dresser le bilan du parcours d’Ecofac et d’autre part, parce qu’il a permis de capitaliser sur les « acquis ». 30 ans après, le moins que l’on puisse dire est que la satisfaction est totale. Que ce soit du côté européen, sous-régional (CEEAC) ou encore au niveau national.
L’UE et ses partenaires ont de quoi s’enorgueillir, car de par la sous-région, presqu’aucun programme ne s’est autant mobilisé pour participer au processus d’implémentation des politiques sous-régionales de conservation de la faune et de la flore. En 30 ans en effet, c’est plus de 163 milliards de francs CFA qui ont été débloqués par l’organisme européen (UE). Un niveau de financement qui reflète les actions d’intervention en termes de soutien à la recherche scientifique, à la formation, à la sensibilisation, à l’aménagement du territoire…à la mise en place des stratégies et approches et sur les aires protégées.
Des résultats palpables
Au total de par la sous-région, ce sont 8 pays abritant 35 sites dont 33 aires protégées, soit une superficie totale qui atteint environ 320.000 km² qui ont bénéficié de ce financement, soutenu d’après l’Ambassadrice de l’UE au Gabon, pour Sao Tomé-et-Principe et la CEEAC, Rosario Bento Pais, par des « d’investissements complémentaires conséquents » et « des programmes de coopération bilatérale des Etats membres, en particulier de l’Allemagne et de la France dans un esprit « d’Equipe Europe » ».
Durant 30 ans, « Les études menées dans le cadre des programmes ont (en effet) contribué à la production de nombreux ouvrages de synthèse et de vulgarisation comme par exemple le « Guide de la végétation de la réserve de la Lopé », le « Guide des oiseaux de Sao Tomé, l’ouvrage ». En 1990, en répondant à la demande de financement des pays de la sous-région pour le déploiement du programme sur « la conservation et l’utilisation rationnelle des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale » consécutive à la déclaration de Brazzaville, l’Union européenne a tracé le sillon de son action en faveur de la préservation de l’environnement. En cette période, les questions de gestion durable de la forêt étaient encore embryonnaires face à la prise de conscience collective que l’on observe aujourd’hui. 30 ans après, l’organisme semble avoir fait le bon choix de croire aux pays de la sous-région à travers la CEEAC.
L’Afrique centrale grande gagnante
Cette mobilisation a été à l’avantage de l’Afrique centrale. En 1992, lorsque la décision du lancement du programme intervient, les régimes forestiers de la sous-région sont encore « historiquement issus des périodes coloniales ». Les forêts sont les patrimoines des Etats, mais ces derniers manquent de moyens pour assurer leur gestion. Ce qui offre des pleines prérogatives aux détenteurs des concessions et ouvre la voie à toute sorte de dérive. En 2010 par exemple, soit 20 ans après le lancement du programme Ecofac, 44.151.463 ha forestiers ont été concédés aux forestiers. Avec l’adoption des plans d’aménagement des permis d’exploitation sous Ecofac des années plus tôt, cette tendance va changer laissant place au domaine de la gestion durable des forêts d’exploitation.
Si cette tendance ne peut être attribuée qu’au seul programme Ecofac, « en 30 ans, l’Afrique centrale a bénéficié des retombées importantes en matière de conservation de la biodiversité. La création de près de 206 aires protégées dans notre sous-région démontre à suffisance ce résultat ». Ces acquis qui ne sont pas exhaustifs, doivent cependant être pérennisés en faisant pleinement participer la sous-région à la lutte contre les grands défis de ce siècle. Car si l’histoire à commencé il y a trois décennies dans cette région, elle peut se poursuivre autrement et dans une autre dynamique. Surtout que la région occupe désormais une place centrale dans la régulation du climat planétaire.
Michaël Moukouangui Moukala