Alors que le phénomène de la destruction des mangroves du littoral de l’estuaire prend des proportions inquiétantes ces derniers temps, dans les années 90, le Géographe, chercheur au Cenarest, le Docteur Nicaise Rabenkogo alertait déjà sur la survenance de ce problème et ses dangers.
Au Gabon, le maintien des écosystèmes des mangroves est menacé par la spéculation immobilière. Les mangroves situées dans les côtes du Grand Libreville en souffrent plus. Entre destruction des hectares entiers de palétuviers et construction d’habitations dans ces espaces naturels, certaines de ces mangroves vivent leurs derniers instants.
Si ce phénomène semble récent, il ne l’est pas en réalité. Car en 1995, il y a plus de vingt ans, le Docteur Nicaise Rabenkogo, alors Enseignant-Assistant à l’Université Omar Bongo (UOB), donnant une conférence sur « la situation des mangroves du Gabon en 95 » à l’ex Centre Culturel Français (CCF) interpellait déjà les autorités gabonaises sur la nécessité d’élaborer une politique de développement durable intégrant la préservation de ces espaces.
En effet, faisait-il constater, « au Gabon, la mangrove est fortement exploitée. Alors que les usages traditionnels par les populations autochtones (pêches, plantes médicinales et produits dérivés du bois) n’ont nullement entraîné une dégradation importante des écosystèmes de mangrove ; en revanche, l’exploitation forestière et pétrolière, le développement de la pêche commerciale, l’extension urbaines et l’implantation industrielle et portuaire ont détruit d’importante surface de mangrove ».
Visiblement, les mêmes causes qui prévalaient à la destruction de ces écosystèmes dans les années 90, sont toujours d’actualité. Quoique, l’augmentation démographie, combinée à l’urbanisation des grandes villes gabonaises, en l’occurrence Libreville et Port-Gentil ont précité cette destruction. Ainsi, si entre 1960 et 1990, selon les estimations du Docteur., la mangrove a reculé d’environ 37,49 km2, soit 1% de la superficie totale, aujourd’hui, en faisant une simulation, cette statistique peut avoir évolué, eu égard à l’augmentation de la population gabonaise ces dernières années.
La destruction des écosystèmes des mangroves pose un problème d’avenir lié au changement climatique au Gabon. Alors que les erreurs d’hier ont des conséquences aujourd’hui, celles d’aujourd’hui se répercuteront forcément demain. Les générations futures, c’est-à-dire les enfants de tout un chacun pourrait payer le prix fort de tout cela. Car en effet, selon les conclusions du Docteur, « cette situation entrave non seulement le développement socio-économique du pays, mais également elle menace d’extinction la diversité biologique des côtes gabonaises ».
Michaël Moukouangui Moukala