Au Gabon, la vente des crédits carbone conséquence de l’activité des forêts locaux se précise petit à petit. Sur les 140 millions de tonnes de crédits carbone séquestrés annuellement par la forêt gabonaise, 90 millions devraient être mis en vente sous peu pour une récolte de 773 milliards de francs CFA. Suivant les projections en termes de répartition de cette manne financière, 25% de cette somme sera consacré aux générations futures.
Si sauvegarder la forêt c’est l’exploiter de manière rationnelle tout en la préservant pour les générations futures, le Gabon veut aller plus loin en consacrant une partie des revenus tirés de la vente de ses crédits carbone aux générations futures. Cette logique qui relève du fondement même du développement durable, va en effet emmener le pays à consacrer 25% de la vente de ses crédits carbone aux générations futures.
“Lors de la COP27, nous avons eu la validation définitive de nos crédits carbone. C’est 90 millions de tonnes de crédits carbone gabonais qui ont été validés par la Convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Ces crédits ont été transférés à notre fonds souverain, le FGIS, qui va être responsable de les vendre. Cela fait six semaines que nous avons créé 90 millions de tonnes de crédits carbone », laissait entendre il y a quelques jours, le ministre des Eaux et Forêts, Prof. Lee White de passage sur le plateau de Gabon24 pour le décryptage du discours du président de la République prononcé le 31 décembre 2022.
Si la forêt, les populations rurales, la dette et la loi de finances pour des projets intégrateurs dans les domaines de l’éducation, la santé et la résilience climatique vont capter 75% des revenus issus de la vente de ces crédits, 25% seront consacrés aux générations futures. Cette cristallisation, avec celle liée à la résilience climatique est d’autant plus nécessaire que l’un des enjeux aujourd’hui de la Conservation de la biodiversité réside dans la capacité du présent à construire un pont entre deux générations : celle d’aujourd’hui et celle de demain. En d’autres termes, il s’agit de trouver un meilleur compromis entre usage de la forêt et préservation de celle-ci pour un usage futur, notamment par nos enfants et les enfants de nos enfants.
Ainsi, cet argent pourrait servir à plusieurs causes propres aux générations futures. Mais il ne s’agit toutefois pas des fonds définitifs, car la vente des crédits carbone est pour l’instant encore un processus non abouti. De plus, rien ne signifie que le marché sera preneur des 90 millions de tonnes de crédits carbone mis en vente par le Gabon. Il s’agit donc d’une victoire à demi-teinte, dépendante de plusieurs paramètres.
Michael Moukouangui Moukala