Alors que va se tenir en décembre prochain à Montréal, au Canada, la COP15 sur la Biodiversité, le Groupe des Négociateurs africains (AGN) sur la biodiversité a débuté ce jeudi 1er septembre à Libreville, sa réunion de préparation de sa participation à cet évènement. A l’occasion du lancement de cette réunion, les parties prenantes ont appelé les experts à mesurer les enjeux de l’heure liés à la préservation de la biodiversité et à proposer une feuille de route pertinente et consensuelle.
Lancée à l’auditorium du ministère des Eaux et Forêts du Gabon sis sur le Boulevard Triomphal, la cérémonie a été marquée par plusieurs allocutions dont celles de la Coordinatrice Résidente du système des Nations unies, chef d’équipe pays Gabon, des ministres de l’Environnement, de la transition énergétique, écologique et du Développement durable de la Chine, du Gabon, du Sénégal, du Kenya, du Commissaire de la Commission de l’Union Africaine (UA) de l’Environnement et d’un représentant de la Société civile.
Cette réunion intervient dans un contexte continental critique, marqué par la pression de nombreux facteurs qui accélèrent la détérioration de la biodiversité avec pour effet, l’amplification des facteurs liés aux changements climatiques et l’urgence de la pollution plastique de part et d’autres à travers le continent. Sans solution adéquate, ces évènements vont encore plus s’accélérer et amplifier la crise d’extension des espèces menacées au-delà de 1 million. « On risque d’avoir d’ici quelques années, plus de plastique que de poisson dans la mer », a prévenu le Prof. Lee White, ministre gabonais des Eaux et Forêts.
Ce présage implique un « consensus » continental pour non seulement comprendre les défis à surmonter, ce qui passe par l’harmonisation de la participation de l’Afrique à la COP15 qui se tiendra en décembre prochain à Montréal, au Canada, mais également pour mieux aborder les questions en fonction de leur spécificité technique. En cela, le représentant de la société civile exhorte le continent a « parlé d’une seule voix » pour changer de paradigme qui depuis 50 ans, n’ont pas fait avancer aussi bien le continent que les causes défendues.
Cette posture est vivement conseillée par la Coordinatrice Résidente du système des Nations unies, chef d’équipe pays Gabon, Dr. Savina Ammassari selon qui, « l’Afrique a besoin d’une position commune à la COP15 car elle apporte l’un des plus grands capitaux naturels à la table. » « L’Afrique doit avoir une voix » a-t-elle conseillé. Le continent a tout intérêt à suivre cette voie, car pour les services écosystémiques qu’il fournit à l’humanité, il peut désormais compter sur le système des Nations qui, par la voix du Dr. Savina Ammassari, est prêt à accompagner les pays afin de prendre les meilleures décisions pour les générations futures.
Cette idée de consensus apparaît donc comme le meilleur remède pour aborder la question des négociations africaines lors de la COP15, d’autant plus que l’heure n’est plus aux réticences ou à tergiverser. Nous devons en effet, exhorte le ministre Kenyan de l’environnement, « réfléchir ensemble » pour « laisser à nos enfants et petits-enfants », un patrimoine naturel viable. Mais, a fait constater le Prof. Lee White, parvenir à un tel idéal suppose de relever de nombreux défis, d’autant plus selon lui, que les changements climatiques représentent une grande menace pour nos écosystèmes et notre biodiversité.
En effet, va faire remarquer Dr Leila Benali, présidente de la 6e session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement et ministre de la transition énergétique et du développement durable du Maroc, l’ampleur de la perte de la biodiversité et de la dégradation des sols et des écosystèmes nous impose des réponses urgentes et ambitieuses. A ce titre, invite-t-elle les pays « à finaliser le cadre mondiale de la biodiversité pour l’après 2020 qui viendra bien entendu renforcer l’action pour atteindre les ODD à l’horizon 2030 et réaliser la vision sur la convention sur la diversité biologique (CDB) à l’horizon 2050 ».
Pour reprendre les propos du Dr Leila Benali, l’Afrique est un des continents pourvu en biodiversité. Il héberge plus de ¼ de la biodiversité mondiale et possède un grand potentiel de restauration des paysages forestiers. Plus de 720 millions d’hectares sur une surface totale totale de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud. Malheureusement, ce potentiel est en danger permanent en raison des pressions économiques et sociales exercées par l’humanité.
Cette biodiversité se présente comme le dernier corridor de lutte contre le réchauffement de la planète quand l’Amazonie tant à s’essouffler dans son rôle de régulateur du climat de la planète. Pour les pays du continent, il est question par le lancement de cette réunion qui va se tenir jusqu’au 4 septembre prochain, d’harmoniser la participation du continent à l’évènement du Canada et de faire reconnaître cette importance et ce qui va avec.
Michaël Moukouangui Moukala