Espèce en danger critique d’extinction, menacée par le braconnage et la destruction de leur habitat, l’éléphant (loxodonta cyclotis) joue un rôle central dans le maintien des écosystèmes forestiers du bassin du Congo-Ogooué. Au sein de ce bloc forestier, si des recherches sont en cours pour comprendre le fonctionnement de ces forêts tropicales et leur lien dans le maintien de la population d’éléphant, un Symposium baptisé « Forêts et Eléphants », organisé du 2 au 3 novembre 2023 à Paris, en France, mettra à l’honneur ces recherches. Impliquée dans l’organisation, l’Agence nationale des parcs nationaux y prendra part.
Organisé par le Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation (CESCO) du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) avec la contribution de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), le MSCA, la Sorbonne et le CNRS, l’événement qui se veut hybride, sera l’occasion pour les spécialistes, experts et scientifiques de la conservation de présenter les travaux autour de l’écologie de l’éléphant, mais également de proposer des nouvelles approches de conservation pour le développement de nouvelles techniques permettant de mieux comprendre le fonctionnement et le suivi des forêts tropicales, ainsi que l’apport des sciences humaines et sociales pour mieux appréhender la coexistence entre mégafaune, activités humaines et communautés locales. Au sein de la sous-région, ces questions alimentent constamment les débats lors des rencontres sur les changements climatiques, la préservation des forêts et de l’épineuse quête de solution pour régler la question du Conflit homme-faune (CHF). L’importance de la préservation des populations d’éléphants de forêt pour la gestion durable des forêts tropicales se dégage souvent comme l’urgence.
L’ANPN partie prenante
Partie prenante à ce symposium à haute teneur scientifique, l’ANPN sera représentée par sa cellule scientifique supervisée par le Pr Stephan Ntie. Mise en place au sein de cette cellule grâce à la contribution de l’Agence française de développement (AFD) et la Banque mondiale, le laboratoire de génétique de la faune, supervisé par Stéphanie Bourgeois et qui a vu le jour il y a seulement quelques années, « a pour mission l’analyse d’échantillons d’ADN prélevés auprès de la faune locale, tels que l’ivoire, les poils, les écailles ou encore les fèces ». Ces analyses génétiques permettent ainsi d’approfondir les connaissances sur les animaux, leur habitat et leur comportement, tout en étant utiles dans la lutte contre le braconnage des éléphants et le trafic d’ivoire. La mise en place de cet instrument de traçage de l’ADN de cet animal a été un élément important de lutte contre le braconnage, de gestion de la faune et de préservation de la biodiversité au Gabon et dans la sous-région. La participation à cet événement de cette cellule relève le rôle stratégique joué par ce laboratoire dans la préservation de l’éléphant, le « Jardinier de la forêt ».
L’urgence d’agir
A Paris, en France, la tenue de ce symposium rappelle l’urgente nécessité d’agir pour la sauvegarde des forêts tropicales d’une part, et les éléphants d’autre part. Un signal nécessaire, quand on sait qu’en 2022 selon les données de l’université du Maryland, la couverture forestières tropicales a chuté de 10% de plus qu’en 2021. Sur l’année, c’est ainsi quelque 4,1 millions d’hectares de forêts primaires qui ont été supprimées. Victime de ce revers, auquel il faut ajouter le braconnage pour alimenter le trafic d’ivoires et la baisse de la production en fruit des arbres, loxodonta cyclotis, l’éléphant de forêt d’Afrique (centrale) subit les affres de cet enchaînement désagréable qui cause la perte des réserves de carbone d’environ 7% à 3 milliards de tonne. Ce symposium, qui est gratuit et ouvert aux chercheurs, gestionnaires, acteurs de la conservation et d’étudiants, rappelle donc l’urgence d’agir pour rétablir l’équilibre entre « Forets et Eléphants ». Une urgence qui interpelle la responsabilité de tous.
Michael Moukouangui Moukala