Remède efficace contre la dévastation des plantations des populations par les éléphants et autres animaux, 18 clôtures à haute spécification et 251 clôtures électriques mobiles ont été érigées dans le cadre de la lutte contre le Conflit homme-faune (CHF) au Gabon, selon un décompte du ministère des Eaux et Forêts, de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et l’ONG Space for Giants (SFG).
Au Gabon, si le Conflit homme-faune (CHE) a persisté à travers le temps et les âges, les barrières électriques se présentent aujourd’hui comme une réponse efficace face à ce problème. Solution importée du Kenya, ce dispositif qui concourt à l’atténuation de ce conflit est efficace à 100 % au Gabon, à en croire les parties prenantes au projet, qui ont échangé hier, lundi 24 juillet avec la presse pour mieux comprendre les enjeux et défis autour de ce dispositif. Dans le pays, environ 280 clôtures à hautes spécifications et mobiles ont été érigées dans les neuf provinces.
Porteur du projet, le ministère des Eaux et Forêts, l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et l’ONG Space for Giants (SFG) se réjouissent de l’efficacité de ce dispositif qui finalement est retenu après les essais de plusieurs autres techniques de sécurisation des cultures dans les villages. Des techniques dont les effets et l’efficacité ont été jugés mitigés au regard des contraintes qu’elles imposent.
« Le conflit homme-faune est une question assez complexe. Avant la mise en place des barrières électriques, l’ANPN a mis en place des techniques telles que les cartouches à piment et des clôtures à sangles. Nous nous sommes rapidement rendus compte que ces techniques étaient assez limitées et contraignantes pour les populations locales », a laissé entendre Dr Larissa Moukagni, Chef de service du Conflit Homme éléphant (CHE) auprès de l’ANPN à l’occasion de la conférence organisée hier, lundi 24 juillet à l’auditorium des Eaux et Forêts.
À la différence de ces techniques, les clôtures mobiles ou à haute spécification ont prouvé leur efficacité, atteignant un taux d’efficacité de plus de 90%, selon Eric Chehoski, directeur général national de l’ONG Space for Giants. « Jusqu’à maintenant, les résultats que nous avons sur les clôtures électriques sont satisfaisants, en ce sens que les communautés qui n’arrivaient pas à dormir dans leur maison arrivent aujourd’hui à passer du temps avec leur famille et à récolter leur produit des champs », a fait remarquer Dr Larissa Moukagni.
À moyen et long termes, si l’ANPN et Space for Giants ambitionnent de renforcer ce dispositif à travers le pays, les deux entités comptent cependant sur « l’implication des populations locales pour l’entretien et le suivi de ce dispositif ». Une position soutenue par Michelle Ngwapaza, directrice générale adjointe de la Faune et des Aires Protégées (DGAFAP) et par Serge Mibambani, directeur de la gestion de la faune et de la chasse auprès de la (DGFAP). Pour les deux responsables, ce n’est que par la compréhension du bien-fondé des clôtures électriques, l’organisation et la responsabilisation que les populations pourraient parvenir à des résultats positifs.
Notons toutefois qu’il est d’intérêt pour ces dernières de s’approprier cette technologie. Avec 95 000 éléphants recensés à travers le territoire national, 14 000 victimes recensées à travers le pays, des villages et des cultures de plus en plus vulnérables face à la masse de cette population des pachydermes, la seule alternative pour éviter toute dévastation des plantations n’est pour l’instant que cette technologie. La prise de conscience, estime les parties prenantes au projet, doit être collective.
Michaël Moukouangui Moukala