Le 10 juin 2022 dernier, à l’occasion d’une rencontre qualifiée de pré-événement de l’anniversaire des 30 ans du Programme Ecosystèmes fragiles d’Afrique Centrale (Ecofac), l’Union européenne (UE) et son partenaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) ont dressé le bilan de ce programme lancé en 1992 au niveau sous-régional. Pour les initiateurs, le bilan d’Ecofac est positif au vu des réalisations sur le terrain.
Ecofac en Afrique Centrale, c’est toute une histoire ! Une histoire basée sur le soutien et les efforts de Conservation et de préservation de la biodiversité et des écosystèmes fragiles, dans un contexte international d’urgence de la « protection de l’environnement » au regard des défis du sommet de Rio de 92. En 1992 à Brazzaville, en République du Congo, le projet est officiellement lancé après que la CEEAC et l’UE soient tombées d’accord sur son principe. Il est ainsi le fruit des engagements pris par l’Union européenne, dans le cadre de sa politique d’aide au développement (FED), des Accords de Cotonou ACP-UE et de ceux de la coopération sous régionale, définie par les « Programmes Indicatifs Régionaux (PIR) » de l’Afrique centrale, dans le secteur de la gestion durable des ressources naturelles.
Ministre des Eaux et Forêts, le Prof. Lee White, qui a pris part à Libreville, à la rencontre de pré-lancement des 30 ans du déploiement de ce programme, fait partie des rares témoins de la naissance d’Ecofac au Gabon. D’ailleurs, ce dernier s’en souvient comme si c’était hier : « je suis un enfant d’Ecofac ! La première réunion d’Ecofac, la pré-Ecofac a eu lieu à l’hôtel de la Lopé en 1988 », s’en souvient-t-il encore.
Cette réunion, a été décisive puisqu’elle a fixé le cap d’une nouvelle aventure axée sur la conservation et la préservation des écosystèmes fragiles au niveau de la sous-région. Six phases du programme, Ecofac 1, 2,…6, d’une durée de cinq (5) ans chacune, vont se succéder, faisant de l’Union européenne, le leader et 1er partenaire financier dans le domaine de la conservation de la biodiversité et des écosystèmes à haute valeur écologique dans la sous-région. Les axes d’action du programme concernent essentiellement, la contribution au financement du système de l’économie verte en Afrique centrale (SEVAC) et les interventions dans des sites à haute valeur écologique dans sept (7) pays. Au total, trente-un (31) aires protégées et huit (8) paysages, parmi lesquels des complexes d’aires protégées transfrontalières, dont la gestion concertée contribue à l’intégration sous régionale, justifient ainsi les investissements successifs de l’Union européenne.
250 millions d’euros injectés en 30 ans
En Afrique Centrale, le déploiement d’Ecofac a été un catalyseur en matière de sensibilisation sur le bien-fondé de conserver et de préserver la faune et la flore. Le programme a par ailleurs, contribué à préserver et valoriser des sites naturels, des aires protégées transfrontalières. Il a permis de former la ressource humaine nécessaire à l’édifice de conservation, soutenu la construction d’infrastructures et la recherche scientifique, et offert des moyens matériels aux entités spécialisées. Si cette liste n’est pas exhaustive, prévient Maxime Nzita Nganga Di Mavambu, Assistant technique régional, chef de mission, il faut garder à l’esprit que les acquis du programme Ecofac sont larges à travers la sous-région.
Ainsi au total, ce sont en effet 250 millions d’euros soit plus de 162 milliards de francs CFA qui ont été injectés par l’UE pour la conservation et la préservation de la nature durant 30 ans. « En tant que principal bailleur de fonds sur les questions de biodiversité et de gestion des ressources naturelles dans la sous-région Afrique Centrale, la coopération régionale de l’UE a eu un rôle prépondérant. Les appuis fournis aux Aires protégées ont contribué à maintenir un capital environnemental unique, mais des efforts sont encore nécessaire pour développer les capacités régionales en matière de gestion des aires protégées », explique l’Ambassadrice de l’UE au Gabon, pour Sao Tomé-et-Principe et la CEEAC, Rosario Binto Pais.
L’UE et la CEEAC satisfaits des résultats
Le bilan de l’action d’Ecofac, 30 ans après son déploiement est « positif ». De manière unanime, même si des efforts restent encore à fournir, la CEEAC s’associe à l’UE pour reconnaître le rôle prépondérant joué par Ecofac dans le soutien des pays à la gestion de la biodiversité. En effet, plus de 350.000 kilomètres de conservation de la faune et de l’habitat naturel ont été réalisés durant les 30 dernières années.
« Les appuis stratégiques et durables fournis au fil du temps par l’Union européenne, en soutien aux efforts de la CEEAC et des Etats membres, ont permis de répondre aux menaces de plus en plus croissantes et de relever les nombreux défis liés à la sauvegarde de la biodiversité, la santé des écosystèmes, au climat mondial et au bien-être des populations de la sous-région », estime l’Ambassadeur de la commission de la CEEAC, Gilberto Da Piedade Verissimo.
Ce même écho retentit chez l’Ambassadrice de l’UE au Gabon, pour Sao Tomé-et-Principe et la CEEAC, Rosario Binto Pais qui entrevoit tout aussi l’implémentation du programme dans une approche purement « positive ». « Ecofac est un des plus anciens programmes régionaux européens, représentant une page importante de l’histoire de la conservation, mais également, de l’histoire de la coopération de l’union européenne dans cette région de l’Afrique », explique-t-elle.
Natur’Africa prend le relais
Pour autant, la contribution de l’UE au soutien des Etats de la sous-région à préserver la biodiversité ne s’arrêtera pas avec la fin d’Ecofac dont le processus a été amorcé avec l’arrivée à maturité en 2020, du 11e FED. Ecofac, sous ce vocable disparaîtra certes, mais va passer le flambeau à Natur’Africa.
Plus inclusif, ce nouveau programme qui s’inscrit dans le sillon du « Pacte Vert » de l’Europe se veut plus conciliant et résilient, tourné vers l’économie verte et la gestion durable des écosystèmes terrestres. Alors qu’il s’inscrit dans la perspective des Agendas d’organismes internationaux tels l’Agenda 2030 du Développement durable des Nations Unies et celui de 2063 de l’Union Africaine et celui de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030, il met en avant la dimension humaine, au-delà de la gestion de la biodiversité, avec une préoccupation constante et réelle pour l’amélioration des conditions de vie des populations locales et des plus vulnérables.
« Une nouvelle page s’ouvre avec Natur’Africa, qui va bâtir sur les leçons apprises avec Ecofac et bien sûr, tiendra compte des transformations des paradigmes de la conservation au niveau régional et international, avec l’appui des partenaires nationaux et sous régionaux », conclu l’Ambassadrice de l’UE.
La Lettre Verte avec RefletsGabon (Michaël Moukouangui Moukala)