« Il y a 8 ans des émissions de CO2 enfermées dans les arbres, les racines, le sol des blocs forestiers sous-régionaux ». Sans une prise de conscience collective prévient le Prof. Lee White, ministre des Eaux et Forêts, l’échec de la lutte pour la sauvegarde des forêts du Bassin du Congo pourrait accélérer la cadence des gaz à effet de serre.
Il est impératif que l’humanité se mobilise pour la sauvegarde des forêts du Bassin du Congo. Presque partout où il passe, c’est ce message d’alerte que le Prof. Lee White véhicule face à la menace qui pèse sur l’avenir de la planète. Hier, si on pouvait se permettre de faire fi de cette interpellation, aujourd’hui les capacités de séquestration de ce bloc forestier, l’un des derniers, sonne l’urgence d’une action collective. Et pour cause, la décadence des blocs forestiers sous l’effet de la pression économique invite à une prise de conscience mondiale.
Considéré jusqu’à un passé récent comme le premier poumon vert de la planète, le bloc forestier amazonien est en train de perdre ce statut en raison de la déforestation galopante de sa forêt. Environ 25% de perte du couvert forestier entre 2020 et 2022 selon les climatologues. « Entre le 1er et le 31 janvier, les systèmes de surveillance ont fait état de 430 km² de forêts déboisées, soit une augmentation de 418% par rapport à janvier 2021 », faisait remarquer l’ONG Greenpeace Brésil dans un communiqué diffusé en février dernier.
A cause de cette déforestation accélérée, les émissions de CO2 ont doublé. Cette réalité est approximativement celle du Bassin du Congo. « La dégradation des forêts contribue trois fois plus à la perte brute de biomasse que la déforestation, étant donné que l’étendu de la dégradation dépasse celle de la déforestation », prévenaient des chercheurs dans un article paru dans la revue Nature en 2021.
L’état des forêts du bassin du Congo n’offre qu’un infime spectre d’espoir, sachant la menace qui pèse également sur elles. « Les experts scientifiques du GIEC nous disent qu’on a 8 ans pour changer le cap, régler les émissions de CO2. Donc, on a huit ans pour agir et le bassin du Congo renferme huit ans des émissions de CO2 », annonçait le Prof. Lee White lors de la journée de pré-lancement du programme Ecofac le 10 juin dernier au Gabon.
Pour ce ministre, par ailleurs scientifique, il n’est pas question de perdre cette bataille contre les changements climatiques car l’inverse serait catastrophique. « Si on perd le bassin du Congo, on perd la lutte contre les changements climatiques », prévient-il. Le spectre : « si dans 20 ans, le bassin du Congo n’est pas débout, on va vers un monde où les températures vont augmenter de 3,4 ou 5° de plus. Et quand on dit 3°, c’est la moyenne sur la planète. Car la planète est composée à 70% d’eau. A terre, en Afrique, cette augmentation sera de 6-7° ».
L’urgence est donc de mise car face à la pression exercée par le capitalisme sur les forêts amazoniennes, la forêt du Bassin du Congo se présente comme l’ultime secours de l’humanité face à la menace des changements climatiques.
Michaël Moukouangui Moukala