La cinquantaine révolue, le français Max Hurdebourcq fait partie de ces passionnés de la forêt qui a troqué sa vie de citadin pour s’imprégner de la vie des gorilles. Le documentaire, « IDJANGA : la forêt des gorilles », produit par Geodeon production et réalisé au Gabon sur une dizaine d’années, met en lumière la complexe problématique du Conflit homme-faune (CHF) dans une perspective de préservation de la faune sauvage pour les besoins de conservation.
Sortie il y a quelques mois, le film documentaire « IDJANGA : la forêt aux gorilles » réalisé par Caroline Thirion et scénarisé par Max Hurdebourcq, scrute, dans une perspective de sensibilisation, l’écologie des gorilles de la forêt gabonaise dans la concession forestière de Precious wood CEB, une exploitation labellisée FSC dans la province de l’Ogooué-Lolo à l’Est du Gabon. Dans le prolongement de la vulgarisation de cette production, le film documentaire soutenu par le ministère des Eaux et Forêts et l’ONG Conservation Justice a été diffusé le 5 juillet dernier au Radisson Blu Libreville à l’occasion de la 19e réunion des Parties du Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo (PFBC).
Produit pour le public européen, « IDJANGA… » a été réalisé dans l’objectif de montrer ce qui se passe dans la forêt gabonaise en terme de conservation de la faune et de la flore. L’intermédiation des gorilles, animal au cœur du documentaire, s’explique par le fait que son scénariste fait partie des passionnés de cet animal. Fortuite, cette passion débute il y a des années, « au cours d’un reportage sur la gestion durable des forêts pour un magazine français », nous a confié Max Hurdebourcq. « C’est, explique-t-il, durant ce reportage que j’ai croisé le regard d’un gorille et d’une famille et j’ai demandé aux forestiers si quelqu’un s’occupait de ce que font les gorilles dans une concession forestière ».
Tout est partie de cette expérience. Nous sommes à l’aube des années 2000. « J’ai trouvé un financement par l’université de Barcelone qui m’a soutenu au départ et je suis revenu dans cette concession. J’ai commencé le premier inventaire par une petite étude et au fur et à mesure, j’ai passé des années avec des moyens plus ou moins difficiles sans abandonner », relate le français. A ce financement, s’ajoute celui d’Ecofac6 qui vient de célébrer ses 30 ans de déploiement dans la présetrvation des écosystèmes en Afrique centrale.
La réalisation de ce documentaire serait ainsi partie d’un déclic lors de son premier contact avec la forêt gabonaise. Mais si certains peuvent y trouver une similarité entre cette expérience unique dans la promotion du rôle des gorilles dans les enjeux de préservation de la faune sauvage au Gabon, avec celle de Jane Godall, Éthologue anglaise ayant étudié dès les années 60, les chimpanzés d’Afrique de l’Est pour comprendre leur comportement, c’est par hasard que ces deux expériences s’entrecroisent. « Bien sûr je l’ai en tête mais je n’ai jamais pensé à son expérience. Les choses se sont faites tout doucement. J’ai jamais dit que je passerai plus de 15 ans dans la forêt gabonaise à comprendre les gorilles », explique-t-il.
La passion pour les gorilles et le lien établi avec les « villages » situés aux environs de la concession de la CEB ont été les éléments moteurs qui expliquent que Max Hurdebourcq ait tout plaqué pour vivre 15 ans durant, dans une concession forestière perdue dans la forêt gabonaise. « Je m’étais impliqué avec les villageois et il était hors de question que je m’aventure dans mon étude sans l’aide des populations locales à qui j’ai promis certaines choses dans le cadre de certains projets », fait-il savoir.
Plus d’une décennie après, Max Hurdebourcq peut être fier de son documentaire qui en plus de faire un focus sur les gorilles, met en évidence la proximité conflictuelle entre l’Homme et l’animal par le prisme du Conflit Homme-Faune (CHF) dans l’arrière-pays. Son documentaire est aussi une leçon de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) en direction des exploitants forestiers qui peinent à engager leur processus de certification. Le cas de Precious Woods CEB montre bien que la société prend conscience des enjeux mondiaux autour de la préservation de la biodiversité. Ce signal fort, combiné à la sensibilisation voilée dans le documentaire sur le rôle de la biodiversité dans l’équilibre du climat au niveau mondial doivent faire école.
« Je me réjouis d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice de la préservation de la forêt du Gabon, mais aussi à celles de toute l’Afrique centrale », a conclu Max Hurdebourcq, enthousiasmé par l’engouement autour de son documentaire « IDJANGA… »
Michaël Moukouangui Moukala