Alors que le monde célèbre chaque 15 octobre, la journée mondiale des femmes rurales, la Rédaction de La Lettre Verte pose une réflexion sur l’avenir de cette catégorie d’acteurs au Gabon, au regard de l’exode rurale qui bat son plein dans le pays et qui compromet la succession rurale entre les générations féminines.
Pour l’ONG Terre et Communauté (TrCom), on ne peut entrevoir le développement rural sans le développement de certains pans de la société. Les femmes qui jouent un rôle important dans cette possibilité ne sauraient être mises à l’écart, ne serait-ce que pour leur implication dans l’éclosion économique et sociale au sein des ruralités. Que ce soit au Gabon ou ailleurs, la femme est considérée comme un vecteur de développement.
En effet, alors qu’en Afrique elles représentent 43% de la main d’œuvre agricole, au Gabon, selon les estimations faites par l’ONG Agir pour le genre en 2018, les femmes rurales représenteraient 27,64% de la population féminine. Que ce soit en Afrique ou particulièrement au Gabon, les femmes rurales sont la source de production des aliments cultivés, commercialisés et consommés dans les ménages. De même, dans les zones rurales, la plus grande part des travaux réalisés par les femmes ne sont pas rémunérés.
Le manque des rémunérations des activités des femmes rurales laissent transparaître des inégalités de genre et insidieusement, des graves difficultés dans l’accès au financement pour mieux structurer et développer leurs activités, afin qu’elles participent pleinement au développement des localités. Un pavé dans la mare qui pourrait cependant être une planche de salut pour l’évolution de la condition des femmes dans le développement des ruralités. « Les femmes occupent une place importante dans le processus de développement au Gabon. Toutefois, leur contribution à la société pourrait etre améliorée si certaines pesanteurs socio-culturelles et discrimination à leur égard étaient levées », soulignait la Fondation Sylvia Bongo Ondimba dans un rapport bilan.
Derrière ces « pesanteurs », se cache cependant une réalité qui saute à l’œil : la raréfaction des femmes rurales dans les communautés rurales du Gabon. En effet, la désertification des villages sous l’effet de l’exode rural tend à faire disparaître cette catégorie sociale. A cela, s’ajoute l’effet de mimétisme qui touche et affecte de nombreuses femmes au Gabon qui refusent la vie dans les localités. Si le manque de certaines commodités de vie dans les localités peut expliquer cette chute identitaire de cette catégorie sociale au Gabon, il y a longtemps que la jeune fille gabonaise qui pourrait être la femme rurale de demain a abandonné l’idée de vivre dans une communauté rurale. Par estimation, il paraît évident que la femme rurale est appelée à disparaître dans les sociétés africaines en générale et gabonaise en particulier. Le savoir-faire féminin local tend à se débrider sous l’effet de la colonisation culturelle. Quelle sera la femme rurale dans 30 à 50 ans au Gabon, au regard de la masse féminine urbaine actuelle ?
Flaury Moukala