Malgré un territoire couvert à près de 90% de forêt, doté d’une biodiversité exceptionnelle, le tourisme peine à trouver ses repères au Gabon. La part de ce secteur dans le PIB est évaluée à ce jour à moins de 5%. L’inadéquation des politiques touristiques mises en place depuis des années et la faiblesse des infrastructures nécessaires au développement du secteur sont les facteurs qui retardent le décollage du tourisme au Gabon.
Un pays totalement recouvert de verdure, des sites et paysages exceptionnels, une variété des parcs nationaux dotés également d’une exceptionnelle faune et flore, et des sites marins uniques en Afrique, tous les ingrédients semblent pourtant réunis pour que le Gabon soit une destination touristique au même titre que certains pays d’Afrique. Le potentiel y est, mais malheureusement, le tourisme au niveau du Gabon peine à se développer.
Le secteur figure parmi les moins dynamiques au Gabon marqué par des indicateurs mitigés. En gros, c’est le parent pauvre de l’économie gabonaise. En 2019, le chiffre d’affaires du secteur ne représente que 43 milliards de francs CFA. Une contribution qui tient surtout des différents pans de ce secteur à savoir, l’hôtellerie, la restauration, le divertissement. Avec moins de 5% de contribution au PIB, c’est le secteur le moins représentatif de l’économie gabonaise.
Tentant de trouver des mesures palliatives à cette atonie, les autorités gabonaises, sous l’impulsion de l’ancien premier ministre, Julien Nkoghe Bekalé, avaient décidé, dans le cadre de la stratégie de diversification de l’économie nationale, de relever l’apport du secteur. C’est dans ce sens qu’en 2019, la tenue des premières rencontres nationales du tourisme avaient débouché sur l’adoption de nombreuses mesures consacrant notamment, l’élaboration d’un projet de loi réglementant le secteur, l’annonce des investissements de l’ordre de 8,5 milliards de francs CFA à titre de réponses face à la carence liée aux infrastructures, la création des espaces de jeux urbains et des circuits touristiques écologiques, y compris l’ambition de relever en 2025, le nombre de touristes à destination du Gabon à 500 000 individus contre moins de 100.000 en 2017(i) .
Cette ambition sera compromise par la pandémie de coronavirus qui n’a pas épargné ce secteur, faisant du tourisme, « le secteur qui a payé le plus lourd tribut de la crise sanitaire». Il n’y aura donc pas de stratégie de relance. Et même si le président de la République, Ali Bongo Ondimba a réactualisé cette volonté lors de son discours à la nation, prononcé à l’occasion de la célébration des 60 ans d’indépendance du Gabon, des prérequis sont toutefois nécessaires avant d’espérer un décollage de ce secteur. Parmi ces prérequis : la nécessité de réaffirmer le cadre juridique, doté le pays d’infrastructures capables de faciliter les flux des touristes, songer à l’aménagement et faciliter le foncier aux investisseurs, mettre en place des politiques susceptibles de mieux capter les investissements dans ce domaine, veiller à la formation des ressources humaines, remodeler l’offre touristique et travailler à la promotion de l’image du pays à travers le monde.
Ce n’est qu’après avoir consentis à cet ensemble d’exigences que le Gabon pourrait peut-être prétendre à une économie touristique. En ce sens, le Projet « Vision pour le Gabon » (ii) élaboré il y a plusieurs années et qui devrait en 2015, faire du Gabon « la première destination mondiale pour le tourisme lié à la forêt tropicale africaine, ainsi qu’un modèle pour les parcs nationaux du vingt et unième siècle » apparaît comme un outil à actualiser, tant les axes stratégiques de développement définis dans ce projet donnent déjà une orientation de ce qui pourrait être fait.
Robert Nze Obiang